[11/20] Wat Pa Tam Wua (partie 1)

J’arrive au monastère de Wat Pa Tam Wua, durant les chants. La personne en charge des nouveaux arrivants m’aperçoit.
Elle me présente brièvement le monastère, les horaires et quelques règles élémentaires.
Je m’installe dans le dortoir, me change et je rejoins directement la grande salle de méditation.

Une fois la méditation terminé, je retourne au dortoir pour un repos nécessaire après cette longue route.
Mais la nuit ne sera pas tranquille. Vers 1h du matin, je sens quelque chose dans mon oreille qui gratte. Et je réalise que c’est un insecte qui est à l’intérieur et le bruit est horrible, je commence à paniquer, ne sachant que faire pour le faire sortir de l’oreille.

J’ai peur, de quoi j’ai peur ? Que l’insecte n’abîme mon oreille ?
Je cherche dans le noir, les cotons-tiges, afin d’essayer de l’écraser dans mon oreille, n’ayant pas de meilleur idée sur le moment.
J’y arrive et j’aperçois du sang sur le coton-tige, un léger soulagement se fait sentir.
Je rince mon oreille sous l’eau, c’est assez douloureux.
J’essaye de me rendormir mais c’est presque impossible, je me réveille plusieurs fois. Et cette anxiété qui monte. Et si ça s’infecte, comme l’araignée ? Je vais perdre l’ouïe de l’oreille gauche ?

Ce fameux côté gauche de mon corps, qui porte toutes les cicatrices (opération des ligaments au genou, accident de tronçonneuse, piqûres d’araignée, fracture du poignet, oeil plus faible).

Je débute donc la première journée avec cette angoisse coincé dans mon esprit.
La douleur dans l’oreille ne m’aide pas à oublier.
Je n’arrive pas à rentrer dans la méditation toute la journée et navigue en pilote automatique. Impossible de prendre le dessus, cette peur envahit tout mon esprit et je n’arrive pas en m’extraire.
La fin de journée sera un peu mieux, la douleur a diminué et l’angoisse avec elle.

La deuxième journée démarre mieux, mon esprit revient au présent, je lâche prise sur cet incident d’insecte et me concentre sur la retraite.
Je note aussi que ce désagrément montre mon énorme attachement à mon corps, et plus particulièrement les oreilles. C’est la leçon que j’en ai retenue.

L’après-midi, une fatigue m’accable. Certainement tout ce stress accumulé hier, je profite donc d’une pause pour faire une micro-sieste. Beaucoup de difficultés à rester concentré une nouvelle fois, je me laisse facilement partir dans les pensées.

La dernière méditation sera mieux, c’est d’ailleurs celle juste après les chants.
Comme à Suan Mokkh Monastery, je note que les chants m’aident à me focaliser sur moi-même et exercent une sorte de catharsis.
Signe que mon esprit se calme, je rêve de nouveau durant la nuit.

Nouveau jour, nouvel état d’esprit.
Fatigué, je peine à me lever. La motivation n’est clairement pas avec moi.
Toute la matinée, je lutte, je doute. Pourquoi suis-je ici ?
Toujours les mêmes questions, toujours cette sensation d’être perdu dans le monde.
J’ai envie de partir mais je sais que c’est une fuite, pour éviter de faire face à moi-même.
Perdu dans mes pensées, j’en oublie de méditer.

Après avoir mangé, nous entamons une marche méditative. C’est le meilleur moyen pour moi de reprendre mes esprits, identifier ce qui m’accable et reprendre le dessus.
Je me sens mieux mais ma concentration reste encore fragile, je reste à l’écoute de mon corps et esprit.
Le soir, après avoir terminé, je vais à la rencontre de l’abbé, Luang Ta, en charge du monastère.

Je lui parle de Ome et Shina car ils se sont déjà rencontré en Australie, il y a une dizaine d’années environ. C’est une des raisons qui m’a conduit ici. Ils n’ont pas pu se contacter depuis, je fais donc office de messager. N’ayant pas d’adresse mail, il me donne son numéro personnel que je transmettrai à Ome.

Ils se souvient d’eux et pour me remercier d’avoir transmis le message, il me propose de m’installer dans un Kutti (petite cabane en bois, identique à celle de Santi Forest, en Australie) dès le lendemain. Sans attendre, j’accepte son offre !

Quatrième jour.
Après le petit-déjeuner, j’arpente les alentours et un magnifique papillon croise ma route.
Il est noir et rouge, avec de sublimes dessins sur les ailes, d’une finesse incroyable.
Je reste subjugué par sa beauté.

C’est à partir de ce moment que je rentre vraiment dans la retraite. Toute la matinée se déroule avec calme, une paix intérieure.

Après le repas de midi, Luang Ta me guide vers le Kutti qu’il m’a offert.
Sur le chemin, le papillon du matin vient de nouveau à ma rencontre. Je souris intérieurement et instinctivement, je repense à une scène du Seigneur des Anneaux (tiens encore lui !) et notamment, la scène où Gandalf parle à un papillon (pour obtenir l’aide des Aigles) lorsqu’il est prisonnier, de Saruman, dans la tour d’Orthanc.

Pour moi, chaque détail a son importance, rien n’est le fruit du hasard. J’essaye du mieux que je peux pour capter tous ces petits signes.
Il ne tient qu’à moi ensuite de les interpréter ou de seulement les noter.
Je vous laisse libre de faire votre interprétation, qui sera plus aisée avec la deuxième partie de ce récit.

Une fois emménagé dans mon kutti, je retourne à la salle de méditation. En passant devant le lieu où les moines se rassemblent, j’aperçois un couple et Luang Ta qui ouvre un colis.
Il contient des offrandes dont des gâteaux et autres friandises. Il me fait signe de venir et m’offre un paquet de gâteaux.
Décidément, cette journée fut riche en cadeaux !
La fin de journée se termine paisiblement comme elle a débuté.

Après une nuit d’insomnie, la matinée de cette cinquième journée s’avère fructueuse et j’arrive dans un état de relaxation avancée, juste avant le déjeuner.

Mais le début d’après-midi est plus difficile : envie de dormir, sensation d’avoir trop mangé et une frustration qui s’installe.
Durant la séance du soir, après le chant, je me débarrasse de la frustration et entre en Vipassanā complet sans distraction de l’esprit.
J’explore mon corps du point de vue externe de l’esprit (appelé “Knower” en anglais).

Un profond calme et un vide s’installe en moi. Je suis conscient de chaque partie de mon corps et je visualise mon esprit sans m’y attacher. Quel sensation de bien-être !
Ça sera le point culminant de cette retraite avant…

Vous le découvrirez dans le prochain épisode !