J’arrive à 6h30 du matin à la gare de Bangkok. Je récupère Kaihōpara Rangi en payant 20 baht pour frais de chargement/déchargement…
Je me dirige vers le comptoir pour réserver le prochain train pour Chiang Mai qui est à 8h30.
Excellent ! Seulement 2h d’attente, j’en profite pour me remplir le ventre et prendre un café.
Faux départ
Le train arrive et j’entreprend d’embarquer quand une femme m’interpelle pour me dire que je peux pas emmener mon vélo dans ce train.
Décidément, après le bus, le train…
Tant pis, je monte tout de même avec mes bagages et commence à entrer le vélo. Je m’aperçois que c’est mission impossible en fait et je me fais éjecter par le chef.
J’explique que j’ai acheté un billet en précisant bien que j’avais un vélo, on me répond que ce train n’accepte pas les gros bagages.
Retour au guichet où j’explique ma situation. Le guichetier m’annonce que ce n’est pas remboursable. Je force un peu et finalement, il me dit d’aller au guichet cargo pour enregistrer mon vélo et de revenir ici pour éventuellement un remboursement.
Bizarre déjà, car pour enregistrer un bagage au cargo, j’ai besoin de savoir quel train je vais prendre.
Je retraverse la gare à pied avec le vélo et cette exaspération qui monte en moi.
J’arrive au cargo, personne ne parle anglais (nous sommes à Bangkok tout de même). Je rempli de la paperasse et paye 150 baht puis 40 baht pour frais de traitement ?
Il me donne la référence du train et l’heure: 13h40. L’attente va être plus longue que prévu.
Deuxième retour au guichet en portant toutes mes bagages à la main. Le guichet auquel j’avais été précédemment est fermé. Merde.
Je tente à côté et explique de nouveau la situation.
Elle ne veut rien savoir et me dit que tous ses collègues proposent le bon train lorsqu’on indique qu’il y a un vélo. Impossible de discuter.
Leçon de patience
Je fulmine intérieurement.
Je prends, à contre-coeur, le billet pour 13h40 pour arriver à 4h30 du matin à Chiang Mai, pas très pratique pour l’hôtel.
Me voilà dans l’attente à Bangkok pendant 4h à la gare, je m’assied et me calme en respirant profondément.
J’ai trouvé cette situation injuste mais ça m’a appris à être plus attentif et bien vérifier les réservations.
Il m’a fallu du temps pour digérer cet événement. Je n’avais même pas l’envie de me perdre dans les alentours de la gare de Bangkok.
Ensuite, j’embarque dans le train, en espérant intérieurement que mon vélo suive bien.
Le train quitte à faible allure l’immense ville de Bangkok, traverse différents quartiers et notamment les plus pauvres.
La rame frôle, à quelques centimètres, les tôles qui servent de toit. La ligne de chemin de fer est “collé” aux bâtiments sans la moindre protection.
Puis je vois également des immeubles ultra-moderne. Toujours ce contraste.
J’ai le sentiment étrange d’être favorisé à ce moment-là, je prends la mesure de cette liberté que j’ai acquise, cette possibilité de pouvoir voyager à l’autre bout du monde sans contraintes.
Certaines personnes n’auront jamais accès à cette liberté, ceux qui survivent chaque jour pour pouvoir manger.
Chose étrange que je n’ai pas encore résolu, il n’y a pas de mendiants dans les rues. J’ai l’impression que tout le monde trouve au moins un toit. Du moins, dans les villes que j’ai visité, ça sera peut-être différent à Bangkok.
C’est tellement difficile pour moi d’imaginer cette vie, encore plus maintenant.
A travers les ombres
Et le train quitte la ville pour trouver les plaines verdoyantes et je m’assoupis.
Dans l’après-midi, je reçois le message d’une de mes meilleures amies et m’annonce qu’elle a un cancer de la langue.
Je savais déjà auparavant qu’il y avait quelque chose mais cette fois-ci, ce fut confirmé par les analyses.
À ce moment, je n’en sais pas plus. Je l’appellerai une fois installé à Chiang Mai.
C’est toujours délicat de recevoir cette nouvelle d’une ou d’un ami, surtout à 30 ans.
Je me plonge dans la lecture “Dans les forêts de Sibérie” de Sylvain Tesson et me laisse emporter par le récit dans les contrées froides de la Sibérie afin d’éviter de sombrer dans le noir.
Par moment, je contemple le paysage et laisse mon esprit erré. Je me sens complètement hors du temps, l’avalanche d’émotions qui m’est tombé dessus aujourd’hui m’a mis hors-circuit.
Durant la nuit, je me suis endormi avec la fenêtre ouverte et le rideau en fer fermé, une forte pluie me réveille. J’ai l’impression d’être encore dans un rêve. Je me rendors sans rien faire, trop épuisé.
J’arrive à Chiang Mai à 5h30 du matin, soit 1h de retard (ce qui est plutôt bien).