Nordkapp

Une nouvelle étape importante dans ce voyage : Nordkapp.

Ce n’est pas le lieu en particulier qui m’intéressait. Aucun folklore associé, comme ce fut le cas pour Cape Reinga, en Nouvelle-Zélande. C’est avant tout le point situé à l’extrême nord du continent européen.

Depuis Rovaniemi, j’ai décidé de mettre les réseaux sociaux dans le silence car il me semblait important de vivre pleinement l’expérience, sans avoir à penser à quoique ce soit d’autre.
De nouveau dans une bulle solitaire, virtuelle et physique (enfin presque), je suis à mon écoute.
J’ai pu me rendre compte de mes progrès depuis le début de cette année, qui a été riche en leçons. Pouvoir identifier une peur, une situation stressante mais aussi la joie, la gratitude sans être complètement submergé par le flot des émotions qui me noyait auparavant.

De ce résultat en découle une vision différente et du recul sur ce que je suis en train de vivre.
Cela s’appelle l’intelligence émotionnelle, tout aussi importante que l’intelligence cognitive. Il n’est pas rare d’ailleurs, que les personnes ayant une intelligence cognitive supérieure à la moyenne (comprendre pas plus intelligent, mais un mode de pensée différent) soit vraiment mal lotis en intelligence émotionnelle.

Durant ces deux semaines de déconnexion, j’ai écrit plus d’une dizaine de pages sur mon ressenti journalier. Il m’est plus facile de mettre par écrit ce que je ressens, même ce qui me culpabilise ou que je n’ai pas envie d’avoir. J’essaye d’être le plus sincère avec moi-même. Longtemps dans le déni pour certaines choses, j’aborde avec plus de confiance certains sujets, comme la sexualité par exemple.

Ces écrits sont un peu ma base de données personnelle qui va me permettre de mieux me connaître et comment je fais face à telle émotion par exemple.
Nordkapp marque cette avancée personnelle. Une étape intérieure qui a été franchi au-delà des difficultés, sans jamais renoncer à la découverte de soi.
Comme le fait remarquer Chris Burkard, aujourd’hui, les voyageurs ne sont plus des explorateurs du monde car tout a été découvert. C’est une exploration de l’humain rendu possible par l’introspection et les rencontres sur la route.

Voilà en quoi Nordkapp est spécial pour moi. Plus qu’un objectif, c’est le chemin parcouru jusqu’ici qui est important.

Concernant justement le chemin, inutile de vous décrire la quinzaine de jours (vous pouvez jeter un œil sur mon TravelMap pour le journal de bord), je vous offre donc les temps forts de cette période :

  • Les paysages

Des forêts denses de la Finlande aux plaines de la Laponie finlandaise, du paysage montagneux et verdoyants à la frontière aux collines rocailleuses et sans arbre de l’extrême nord de la Norvège, c’est une riche panoplie de la Nature qui m’a été offert et je m’en suis délecté.

  • Les rencontres

Plus nombreuses ces derniers jours, en se rapprochant de Nordkapp. Des cyclistes de différentes nationalités dont un couple français Alice et Olivier, rencontré au camping, un jour de pluie. Ou encore Jannik, un jeune allemand, avec qui j’ai partagé des bouts de routes et la dernière portion jusqu’à Nordkapp (tiens donc ça me rappelle étrangement la Nouvelle-Zélande encore !).

  • Animaux et insectes

Depuis que je suis arrivé en Laponie, il n’est pas rare de croiser au moins un renne par jour, et dans l’extrême nord, c’est carrément des troupeaux. Rencontre d’un renard sur le bord de la route qui m’a marqué. Tellement que je n’ai même pas sorti mon smartphone pour prendre une photo.
J’ai compris que la Finlande (et un peu la Norvège), ça rime avec moustiques et taons !
Les chats sont assez présents comme j’ai pu le constater dans les Couchsurfing ou camping.

  • Petits tracas (ou loosance comme dirait Amandine)

Quelques orages, dont un qui m’a bien secoué par son intensité.
Une allergie à un insecte (peut-être un taon) sur mon crâne qui m’a valu quelques nuits éveillées. C’est totalement guéri aujourd’hui.
Le double-toit de la tente qui a été éventré par le vélo, tombé à cause du vent. Une réparation de fortune avec du chatterton fera l’affaire pour le moment. J’espère que ça tiendra jusqu’à l’hiver.

  • La route

Souvent longue, droite et bordé de forêts en Finlande, elle devient plus sinueuse et montagneuse en Norvège. Le trafic est rarement un problème à part quelques portions. La majorité des automobilistes laissent une distance de sécurité.

La Norvège fut l’occasion de découvrir les longs tunnels, notamment celui pour rejoindre l’île de Nordkapp avec ces 7 kilomètres de long sous la mer de Barents, à 212m de profondeur. Il y fait généralement froid et humide, avec un côté lugubre accentué par les lumières, mais c’est surtout le bruit des voitures et motos qui est assourdissant. C’est une expérience assez stressante en tant que cycliste (surtout avec une côte de 10% à grimper).

Chose assez marrante, depuis mon arrivée en Norvège, chaque étape vers le nord a marqué la fin du soleil de minuit (entre mai et juillet grosso modo). Celle sur Nordkapp s’est terminé exactement une journée après y avoir été. Donc à partir de maintenant, le soleil va commencer à se cacher de nouveau pour arriver à la nuit polaire en décembre. Plus “que” 19h30 de soleil déjà, près de Tromsø alors qu’il y avait encore 24h de soleil, il y a une dizaine de jours.

Ce mois de juillet fut l’un des plus chaud de ce siècle pour la Laponie et même à Nordkapp où la température a atteint 28°C (à la même période, l’année dernière, il faisait 8°C).

Et la suite me direz-vous ?

J’ai eu tout le loisir de réfléchir. L’idée de continuer à voyager plutôt que de faire du woofing me parait plus intéressante à mes yeux.
Je vais donc continuer en direction de Tromsø, puis Senja et enfin Lofoten (connu pour ces fjords). Ce qui devrait m’occuper un bon mois. Ensuite, c’est encore flou.

La bonne nouvelle, c’est que j’ai un job pour l’hiver ! Je vais donc travailler à partir de mi-décembre jusqu’à fin mars avec Aventure Arctique. C’est une agence de voyage française qui organise des expéditions et treks dans l’Arctique. Je démarre en Laponie suédoise, puis quelques semaines à Senja, en Norvège, puis retour en Suède.
J’ai une idée en tête pour la suite mais c’est encore trop tôt pour en parler.

Comme vous pouvez le constater, j’ai un “trou” de septembre à octobre. J’ai une option intéressante pour novembre et début décembre.
Quelques choix s’offrent à moi : continuer vers le sud de la Norvège et remonter par la Suède jusqu’au nord, trouver un woofing pour cette période.
Pour le moment, je concentre mon énergie vers Lofoten, je verrais pour la suite. Ça dépendra de la météo également (surtout avec une tente rafistolée), car jusqu’à maintenant, j’ai été plus que gâté. Pas sûr que ça continue encore deux mois.

Voilà ce que je pouvais dire pour ces deux dernières semaines. J’apprécie énormément la Norvège depuis que j’y suis arrivé, surtout pour les paysages. La Finlande avait ce côté vraiment relaxant, paisible avec ses forêts. Mais ce que j’aime plus que tout, c’est les routes bordant les lacs et mers, tout en ayant des montagnes aux alentours. C’est souvent plus difficile mais l’effort en vaut la peine. D’où mon grand intérêt d’aller à Lofoten !

Retour en haut