Fin du voyage ?

Intuition d’un changement en profondeur ou seulement une mauvaise passe ? La Pologne répondra à cette question, soutenu par un événement mondial qui me stoppera.

En route vers Varsovie

Après une traversée rapide de la Lituanie, j’arrive en Pologne par le nord-est, proche de la Biélorussie.
Les premiers jours sont plutôt positifs, plein de changements par rapport aux pays Baltes, notamment un réseau routier en meilleur état. Également un paysage qui varie plus avec le retour de collines et des forêts plus denses.

Je traverse d’ailleurs le grand parc national de Biebrzański, l’un des plus grand d’Europe. Une route limitée à 50, peu de trafic et des aires de repos pour les cyclistes, l’environnement idéal pour voyager sereinement. Malheureusement, cette idylle sera quelque peu ternie par les nombreux déchets jonchant les bas-côtés de la route. Pourquoi l’Homme inflige autant à la Terre ? De plus, ce que j’aperçois c’est souvent des déchets provenant des grandes chaines de fast-food (Mc Do, Starbucks et autres Coca-Cola…). Autant nocif pour nous que pour la Nature.

Je m’habitue rapidement aux maisons d’hôtes et leur accueil généreux. C’est parfois compliqué de dialoguer mais j’arrive toujours à faire preuve de créativité pour me faire comprendre. L’Asie m’ayant aidé beaucoup !
Les rares retours aux hôtels en ville sont plus difficiles, un accueil plus froid.
Le point très positif, ce sont les prix. Autant pour l’hébergement que la nourriture, c’est moins cher que les pays Baltes. Mon porte-monnaie apprécie et mon estomac aussi. Les plats sont très souvent copieux.

Visite de la capitale

Je quitte le parc national pour longer pendant plus de deux jours l’autoroute qui relie Varsovie à Białystok. Avec des périodes de grêles et du vent de face. Rien de réjouissant et l’arrivée dans la capitale polonaise, n’est pas de tout repos. C’est donc éreinté, que je débarque chez mon hôte, Stefan.
Je devais, à l’origine, dormir chez Thibaud mais il ne pouvait m’accueillir à ce moment et il m’a donc redirigé chez son ami, qui plus est, parle français !

Peu à peu à peu, je découvre la capitale. Après deux nuits passés chez Stefan, je dois déménager car il part en vacances et l’appartement sera vide. Je trouve refuge dans une auberge de jeunesse pour quelques nuits encore. Il fallait que je récupère.

Retrouvaille après presque 20 ans

Malgré le repos, je ne ressens pas l’envie et la force de descendre sur Dąbrowa Górnicza à vélo. J’opte finalement pour l’option du train car je peux y mettre mon vélo. Je suis accueilli à la gare par Monika, une amie de ma grande sœur. Elle m’a connue lorsqu’elle est venue en France pour un échange entre lycées. J’avais 10 ans à l’époque, autant dire que la différence était grande haha !

Pendant une semaine, sous les conseils et l’organisation sans faille de Monika, je visite différents endroits aux alentours.
Tout d’abord, la mine d’argent Zabytkowa Kopalnia Srebra où je bénéficie d’une visite guidée privé car je suis le seul. J’en apprend plus sur les techniques et l’évolution des outils pour le travail dans la mine.

Visite de la région

J’enchaîne sur la visite d’une des mines les plus connues en Pologne, Wieliczka. La mine de sel. Par l’intermédiaire d’une guide en français, nous descendons en suivant la Tourist Route. La visite permet de découvrir seulement 2% de la mine. En effet, ce sont 245 kilomètres de galeries et 9 niveaux sous la terre, allant jusqu’à une profondeur de 327m.
Et l’imposante chapelle construite sous la Terre.

Dans la même journée, je me rends à Zakopane en bus. C’est le Chamonix des polonais qui fait la frontière avec la Slovaquie. Du fait de l’altitude (800m), il reste un peu de neige en ce début de mars et je peux profiter de la splendide vue sur la ville dans la soirée.

De retour à Dąbrowa Górnicza, je visite à nouveau une autre mine, de charbon cette fois-ci. En petit groupe, nous descendons à plus de 320m sous terre. Ici, la rusticité est de mise comparé à la mine de sel. Notre guide est également ingénieur et nous détaille la technologie des engins utilisés ainsi que les conditions de travail à l’époque.

Puis je bénéficie d’une visite privée, guidé par Monika, dans la ville de Kraków avant d’aller dans un haut lieu historique : Auschwitz.
J’ai, au début, hésité à y aller. Me rappelant des visites au Cambodge mais mon intérêt a été plus fort.
La visite dure près de 3h. La guide (en anglais) ainsi que les différents lieux nous plonge directement dans l’ambiance de l’époque. Très bien documenté et avec une approche qui permet de « tenter » d’imaginer ce que plus d’un million de personnes ont vécus.

Changement de plan

De retour chez Monika, encore un peu déstabilisé, je me prépare pour la suite. Mais je suis dans une période changeante et pleine d’interrogations.
Ai-je vraiment envie de continuer à vélo vers la République Tchèque ? Si je prends le train ou l’avion, je dois faire envoyer mon vélo et mes bagages quelque part, mais où ?
Finalement, je contacte François « par hasard » et lui fait part de mes incertitudes. Il me propose spontanément de venir en Belgique. Il y est en ce moment et il a besoin d’une personne pour l’aider à faire des travaux et du rangement.

Je prends le temps de la nuit pour réfléchir. Le matin suivant, j’achète billet d’avion et bus pour rejoindre Prague. L’après-midi, j’emballe mon vélo et mes sacoches. Le lendemain tout est posté et je suis prêt à partir pour ma prochaine étape avant de quitter la Pologne, Wrocław.
J’y reste deux nuits puis je prends le bus pour rejoindre la capitale tchèque, Prague après 5h de trajet.

Visite de Prague

Je visite la capitale mais je ne suis plus d’humeur à vraiment visiter, d’autant plus que les lieux publics commencent à être fermé. Je ne m’étais pas trop inquiété de l’actualité sur le Covid-19 à ce moment.
Mais je m’aperçois que plusieurs pays commencent à fermer leurs frontières et que le timing va finalement être juste pour moi.
Le jour de mon départ, le centre de Prague est complètement vide et tous les commerces fermés. C’est une sensation étrange et je commence à comprendre l’ampleur de la crise.

A l’aéroport, tout est fermé également. Je trouve une supérette pour acheter un sandwich sous vide et quelques biscuits. Pas d’annulation de vol et j’embarque pour 1h30 de vol pour atterrir à Charleroi, en Belgique. Je suis étonné qu’il n’y ait aucun contrôle. Deux jours après, c’est la Belgique qui rentre en confinement et ferme ses frontières.

Fin de chapitre à vélo

Cette expérience à vélo dans l’est et le centre de l’Europe n’a pas été facile. De plus, un manque de motivation et d’énergie pour le voyage à vélo se fait sentir. Je commençais à y penser à la fin de la Suède, l’année dernière.
Il faut parfois se rendre à l’évidence et accepter qu’il y ait une fin du voyage à vélo.

Après plus de quatre années à voyager en mode nomade, changer d’environnement assez souvent et ne pas avoir la possibilité de créer un nouveau projet, cela paraît normal.
Néanmoins, je n’arrête pas pour autant le voyage, mais ça ne sera plus à vélo. C’est peut-être temps de retrouve un rêve de voyager plus en train.
Seul l’avenir va me dire où la Vie veut m’emmener !