La première étape vers Springfield se déroule sans problème, la route est plate, peu de vent, encore un peu de trafic mais c’est déjà beaucoup plus agréable.
Je souhaitais faire un check-up complet de mon vélo avant de partir mais ce lundi étant férié, je ne trouve pas de magasin de cycle sur Christchurch. Tant pis, je croise les doigts pour que la chaîne ne casse pas pendant cette grosse étape car elle a déjà effectué 2500 km.
Je fais donc plus attention lors des passages de vitesses et essaie de ne pas donner trop d’à-coup pendant le pédalage.
Après Springfield, direction Castle Hill et la première grosse montée.
Je branche mon baladeur sur l’un de mes groupes préférés, Persefone et l’album magique Spiritual Migration.
La montée se fait progressive sur 10 km mais vers la fin, la pente augmente à 16% avec une pointe à 18%. Les derniers coups de pédales sont très durs, je m’arrête et me recentre sur la musique, baisse encore la vitesse déjà faible pour bien transmettre tous mes appuis sur les pédales. Ça y est, j’ai franchi ce col après plus d’une heure d’effort, pile à la fin de l’album !
Je me trouve un coin à l’ombre pour manger et me reposer une bonne heure.
À peine posé, le vent commence à se lever…
Après un repos mérité, je repars avec un vent latéral, avec de bonnes rafales de temps en temps. Hum ça va pas me faciliter la tâche.
J’enchaîne plusieurs petites côtes assez raide mais courte avant d’arriver à mon camping.
Il est 16h et absolument personne en vue, le coin est vraiment splendide, avec différents spots pour poser la tente et une rivière.
Qui dit rivière, dit Sandflies, ils ne me manquaient pas ceux-là ! J’arrive à les retenir avec mon répulsif mais je dois me cloîtrer dans ma tente.
Mise à part ce léger désagrément, je retrouve cette sérénité quand je me trouve tout seul au milieu de nul part.
Le lendemain, un immense ciel bleu m’accueille, la journée promet d’être belle. À peine repris la route, je retrouve mon ami le vent et de face, qui plus est !
Il va falloir que j’accepte de voyager avec lui car on ne peut rien y faire. Soit on attend, soit on avance plus lentement.
Parfois même, on doit s’arrêter quand il se fâche.
Le plus embêtant, c’est qu’il m’empêche d’écouter ma musique. C’est rude ! Je dois seulement avancer avec ma motivation, heureusement en bonne forme.
Les paysages me font un peu oublier qu’il est là.
Des montagnes, des rivières (plutôt vide) et des lacs ponctuent mon trajet.
En arrivant à Arthur’s Pass, je fais quelques courses dans la supérette. J’ai mal estimé ma nourriture en partant, et surtout, aucun supermarché entre Christchurch et Greymouth…
Je vais devoir me restreindre pendant 2 jours car je n’ai pas trouvé tout ce qui me manquait et c’est super cher.
Le camping d’Arthur’s Pass est loin d’être agréable. En plein milieu du village, petit et donc entassés les uns sur les autres et coincé entre la route et la ligne de chemin de fer…
De nouveau, un temps superbe le lendemain et toujours le vent avec moi, enfin en face de moi.
Je passe les dernières côtes, difficile quand je suis pas chaud, malgré les échauffements.
Et s’en suit une très longue descente (1200m de dénivelé négatif) sur plusieurs kilomètres.
Le meilleur passage étant le pont d’Otira que vous apercevrez en photo.
L’adrénaline était à son comble pendant ce moment, pleins de frissons !
Je n’ai pas pu enregistrer ma vitesse max mais je pense avoir dépassé mon record de 65km/h.
Moi je jubile mais mon fidèle destrier me fait sentir qu’il fatigue. Sentir est le mot, à un moment je sens une odeur de chaud, je pense d’abord à une voiture en sens inverse mais non.
Merde ce sont mes freins ! Je m’arrête 300m plus loin, sur le bord de la route.
En effet, mes freins sentent bien le brûlé… je fais une pause de 15min le temps que ça refroidisse. Pfiouu petite frayeur.
Je repars après avoir vérifié l’état des plaquettes de freins et un test de freinage. Ça couine un peu mais pas de problème, le freinage est toujours efficace.
Après une longue descente sur une pente de 16%, la route revient presque à plat.
Durant la descente, j’ai dû mettre mon coupe-vent car le vent est glacial et je ne pédale plus pour me réchauffer.
En arrivant à Jacksons, je choisi la route secondaire pour rejoindre Greymouth. Moins de trafic et surtout la route longe plusieurs lacs.
En effet, le choix fut judicieux, petite route de campagne, presque personne et une vue panoramique sur les montagnes !
À Moana, je trouve un camping mais en voyant le panneau “No vacancy” je me dis merde car il n’y a pas d’autres camping avant 35 km. Finalement je reprends la route, et quelques mètres plus loin, je vois un panneau indiquant le camping et je comprends que le “No vacancy” était pour la partie motel et non le camping. Ouf…
Même pour les campings haut de gamme, le prix reste raisonnable, 17$ la nuit. Le cadre est vraiment magnifique. Encore une fois, il y aura très peu de monde, 2 anglais et une famille néerlandaise.
Je profite du temps libre pour avancer dans la lecture de mon livre et faire une longue méditation.
C’est avec la grisaille et la fraîcheur que je repars le lendemain, le vent se fait moins présent. La route vers Greymouth est pratiquement plate, ça fait du bien. Je me met en pilote automatique et laisse vagabonder des idées dans ma tête.
Je me fais même offrir un abricot en passant dans un village, ça tombait bien j’avais faim !
En arrivant sur Greymouth, je fais le plein de nourriture au Countdown et me rends au camping que j’ai sélectionné sur mon application mais il s’avère destiné uniquement aux campervans… Le prochain camping est à 5km au sud, à l’opposé de mon chemin. Tant pis, n’ayant pas trouvé d’autres solutions. L’avantage, c’est qu’il y a une piste cyclable qui longe toute la côte.
Je m’installe et profite de la connexion internet pour me mettre un peu à jour.
Le soleil ayant fait sont apparition vers midi, le soir, après le dîner, je file à la plage pour admirer le coucher de soleil avec Gary Moore dans mes oreilles, le bonheur !
J’ai profité d’être dans une “grosse” ville pour faire le check-up de mon vélo dans un bike shop. Après vérification, j’ai dû changer la chaîne car elle était vraiment usée, normal après 3000 km. C’est presque un miracle qu’elle est tenue jusque là !
Sinon tout le reste est nickel, je vais repartir avec l’esprit serein.
Cette longue étape à travers l’île Sud m’a énormément fait du bien. J’apprécie le côté plus sauvage, c’est bien différent de l’île Nord.
Pour la suite, je vais privilégier les spots à l’écart de la route, quitte à faire des détours qui rallongent. Il me reste encore du temps et je veux en profiter au maximum !
Je viens aussi de franchir la barre des 3000 km. Il y a quelques mois encore, je ne me serais même pas imaginé faire ça !
Une fois parti pour de bon, on ne peut plus s’arrêter !