Les débuts à pied

Beaucoup de choses à dire pour ces neuf premiers jours de marche.

Les trois premiers jours ont été difficiles, notamment à cause du poids de la remorque. Des difficultés à trouver un équilibre, un harnais mal réglé, un gros effort des cuisses pour tirer cette trentaine de kilos.
Le quatrième jour, je m’octroie une pause où je réorganise mes sacoches et décide d’enlever deux kilos de mon équipement. Mia, qui m’a hébergé pendant 1 mois en helpx à fait la route pour récupérer mes affaires. Je l’en remercie !
Puis un nouveau départ plus frais, complètement reposé et un peu plus léger me permet enfin de profiter beaucoup plus de ce voyage à pied.

Je me laisse enivrer par ces senteurs de pins tout au long de la route, observe les fermiers préparer la terre, les bourgeons qui éclosent. Toute la nature se met en marche après un hiver sous la neige.
Parfois, un sentiment d’être seul sur Terre quand je traverse une longue route bordée simplement de champs et de forêts.

De surcroît, je suis beaucoup plus attentif à mon corps, prends des pauses régulièrement. La faible douleur de mon épaule gauche m’indique qu’il est temps de me reposer. Mon rythme de croisière se maintient aux alentours de 3km/h.
Mais je me connais, la vitesse n’est pas faite pour moi, comme me l’a montré le Vietnam. Mon point fort, c’est l’endurance. Un bon rythme, des pauses régulières et je pourrais tenir plusieurs heures après cette période d’échauffement.

Ensuite, Fjäril se comporte mieux depuis que j’ai changé la répartition du poids, même si parfois un léger déséquilibre se sent en fin de journée surtout. J’en suis pleinement satisfait !
J’ai contacté le fabricant pour lui expliquer ce qui était arrivé à la remorque durant le transport et il était vraiment désolé pour moi. En contrepartie, il m’offre de renvoyer n’importe quelle pièce ou même une nouvelle remorque si j’ai des soucis. Et il m’a remboursé mes frais de livraison. Quel service !
Comme quoi une situation paraissant négative s’est complètement retournée en positif 🙂
Et sur la route, quelques personnes m’ont abordées, intrigué par cette remorque haha !

Les jours se rallongent avec plus de 17h30 de soleil et une nuit qui n’existe presque plus. Je n’ai pas besoin d’utiliser de lampe torche, même vers 2h du matin.
Ça ne me gêne pas dans mon rythme de sommeil, j’ai été habitué à dormir avec la lumière en Asie.

La météo est absolument parfaite depuis mon départ. Un peu de vent, un énorme ciel bleu et un soleil qui irradie sans être trop agressif. Ces trois derniers jours ont été les plus chaud avec 29°C l’après-midi et 12°C le matin. Seul un orage a perturbé ma journée d’aujourd’hui.

Le mental, lui, fait le yoyo. Entre doutes sur ce voyage et la capacité à le réaliser à mes débuts et la joie intense que je ressens ces derniers jours d’être sur la route, c’est pas toujours évident. Mais je ne perds pas de vue mon cap et me concentre sur le moment présent. Je m’adapte au fil des jours. Il est devenu plus stable ces deux derniers jours.

En conclusion, ces 4 derniers mois m’ont appris énormément sur moi-même et je m’en rends compte aujourd’hui avec le recul que permet l’introspection de la marche.
Notamment cette capacité à être à l’écoute de moi-même, de mon corps et mettre l’ego de côté. Néanmoins, cela demande des efforts constants pour éviter de retomber dans mes vieux travers.
Je pense que l’idée de voyager à pied me permet justement d’être plus concentré sur mes ressentis et adapter le voyage à ma convenance.