[09/10] Wat Umong

C’est sous une légère pluie que j’arrive au monastère Wat Umong. Je m’inscris, reçoit mon vêtement blanc, et m’installe dans la chambre numéro 1.
Une chambre de 4m² avec seulement le minimum, c’est parfait pour moi.
Je visite un peu les alentours et participe à la méditation guidée le soir.

Le programme est assez libre et les conditions assez similaires à Suan Mokkh Monastery. C’est à dire : une chambre avec quelques nattes de bambous en guise de lit, deux repas par jour, une période de travail (généralement balayer autour du monastère). Le silence n’est pas imposé mais recommandé.

La durée minimale est de 3 jours jusqu’à 15 jours maximum.

Les deux premiers jours, je m’adapte au programme, à l’environnement. Je ressens beaucoup de fatigue, notamment l’après-midi. Je décide de réduire un peu les phases de méditation et je reste attentif à mon esprit pour éviter les écueils habituels, dont celui de me pousser sans m’écouter.

Le troisième jour, l’adaptation physique est bonne surtout comparé à la précédente retraite où j’avais souvent des douleurs aux dos et genoux.
Mais mon esprit commence à faire le malin (on l’appelle “Monkey mind” en anglais), c’est à dire qu’il me balance un flot de pensées dans lequel je m’y perds le plus souvent.
Étant plus à l’aise sur la manière de gérer, j’arrive tout de même à rester concentré.

Le quatrième jour débute à 5h30 pour accompagner Hans (le moine) et Fabien pour la collecte en ville.
Le principe est simple, Fabien et moi, suivons Hans pour récolter les offrandes des personnes en ville.
Nous marchons pendant 1h environ. Je suis admiratif du nombres d’offrandes offert aux moines car évidemment nous ne sommes pas seul.

Ah autre détail d’importance, il est requis de marcher pied nus. Je vous laisse deviner l’état des pieds après 1h de marche en ville haha !

C’était une expérience très intéressante et surtout de se mettre à la place des moines et vivre leur quotidien.

L’après-midi sera beaucoup plus difficile durant les périodes de méditation. Après la dernière séance vers 20h, je sors de la salle de méditation, un peu groggy, pour rejoindre le dortoir. Je croise un des chiens, qui se lève et viens me donner un coup de tête sur la jambe, comme pour me dire : “Allez, courage !”.
Ça me redonne un peu de moral et relativise cette journée.

C’est par une méditation tranquille que démarre cette cinquième journée avant de sombrer dans le côté obscure l’après-midi.
Ça faisait un moment que je n’avais pas fais face à autant de pensées noires, négatives.
Rien n’est constant et je m’habitue de plus en plus à cette impermanence des pensées que nous ne pouvons éviter.
Il faut prendre le recul nécessaire pour les observer et ne pas se laisser emporter.

C’est grâce à cette exercice que je commence à comprendre le cœur de Vipassanā, qui repose sur l’observation du corps et de l’esprit.
Ne pas s’attacher à son corps, aux pensées et aux émotions. Être seulement un observateur et être à l’écoute pour pouvoir agir.

Le soir, j’ai la chance de participer à une cérémonie pour marquer le début de la “Rain retreat” qui dure 3 mois, durant laquelle les moines restent généralement dans un monastère.

Il y a beaucoup de monde réuni devant l’ancien temple où se déroule la cérémonie dirigé par une communauté de moines assis, dos contre le temple.
L’ambiance est particulière, même si je ne comprends pas un mot du discours, car en thaïlandais uniquement, je me laisse emporter par cette ambiance.

Une fois le discours terminé, nous nous levons et recevons deux cierges et un bouquet de fleurs fraîches. Nous marchons autour du temple en faisant 3 fois le tour puis je choisis un endroit de libre pour y déposer un bâton d’encens et mes deux bougies, en faisant un vœu. Puis je donne le bouquet de fleurs à l’un des moines.

Toute cette cérémonie s’est déroulé une nouvelle fois sous la pleine lune, ce qui ajoute une dimension particulière à cette magnifique soirée.
Je reviens au dortoir, l’esprit libre et léger, heureux d’avoir eu la chance de participer à cette cérémonie.

Le sixième jour se lève, une méditation matinale tranquille puis des perturbations arrivent l’après-midi, notamment l’un des principaux obstacles rencontré en méditation : le désir sexuel. Comme tous les désirs, cela arrive petit à petit dans notre esprit.
Gros exercice de lâcher-prise pour éviter de tomber dans cet écueil.

La soirée se termine par une méditation qui se concentre sur le “loving-kindness”, c’est à dire se concentrer sur les images de nos proches et leurs envoyer nos pensées les plus positives pour les soutenir. Qu’importe la distance, c’est l’intention qui compte.

Un septième jour assez calme, l’esprit est assez neutre globalement.
Malheureusement je mange un peu trop le midi et l’après-midi s’avère difficile à cause de la digestion, cela impacte évidemment ma concentration.
À 16h, je retrouve les Allemands et Hans pour un thé et discuter de notre pratique. Très bon moment d’échange.
La soirée se termine dans le calme.

Avant-dernier jour. Je fais face à des pertes de concentration mais l’esprit reste stable malgré tout.
Dernier petit-déjeuner avec Fabien qui va repartir dans les prochains jours pour l’Allemagne.
Il y a également de nouvelles personnes qui arrivent. L’énergie change dans le groupe et je sens que ça va être le bon moment pour moi de partir également.

Fabien était un des piliers de cette période et il me charge de continuer cette tâche (s’occuper de la salle de méditation et offrir le repas à Hans) avant que je parte.

Même si on se connaissait peu, le départ de Fabien me touche plus que je ne l’aurais pensé. C’est le début de la dissolution du petit groupe qui s’était construit durant cette retraite. Cela montre la cohésion qu’il y avait entre nous : Fabien et Luke, le Papy argentin (on le surnommait ainsi d’où l’oubli de son nom) et moi.

Le dernier jour, je me lève avec une sensation d’inquiétude assez forte. Impossible à expliquer.
Je sens que quelque chose change en moi mais ce n’est pas encore finalisé.
Je dis au revoir au Papy argentin. C’était assez émouvant car, comme il me l’a fait remarqué, il y avait une superbe énergie entre moi, les 2 allemands et lui durant quelques jours.
Il me dit : “Nous sommes comme des oiseaux migrateurs qui passent. On se pose un moment, à un endroit puis nous repartons”.
C’est exactement la sensation que j’avais.

Après avoir demandé à Hans, je décide de laisser Kaihōpara Rangi et mes bagages au monastère. Je prends mon sac à dos de randonnée et le strict minimum pour la prochaine retraite.
Puis nous décidons d’aller en ville en taxi avec Hans et Luke. Nous y retrouverons Fabien pour le déjeuner.
Et nous nous séparons. Je retourne à mon hôtel avec une légère sensation de tristesse et je réalise, à ce moment, que c’était une expérience vraiment exceptionnelle.

Encore une fois, je suis vraiment chanceux : un bon timing, de belles rencontres et ma méditation qui évolue dans le bon sens.
Et chose importante à noter, j’ai fais énormément de rêves une nouvelle fois. Entre deux et trois par nuits, que j’arrive à noter.
C’est depuis la retraite avec Shina, en avril, que j’arrive de nouveau à me souvenir de mes rêves. Avant c’était absolument impossible, je me réveillais toujours avec la sensation d’avoir dormi profondément et que mon cerveau était éteint, dans le noir complet.
C’est impressionnant la précision avec laquelle j’arrive à m’en souvenir. C’est un des gros bénéfices que j’apprécie le plus depuis que je pratique plus intensément la méditation.

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