Toute période de transition est toujours dérangeante et bouscule nos vieilles habitudes. Retour sur cette transition que je suis en train de vivre.
Apprentissage et patience
Me voilà donc arrivé, in extremis, en Belgique avant le confinement général en Europe.
Après avoir bourlingué ces derniers mois entre chambres d’hôte et chez l’habitant, retrouver une stabilité et routine me convient bien.
Durant cette période, qui a finalement duré plus longtemps que prévu, j’ai partagé mon quotidien avec Mona et François.
Dès les premières semaines, nous avançons beaucoup dans les travaux et archivages pensant que le confinement ne va durer que quelque semaines.
Il s’avère que les tâches prévues prennent plus de temps mais la période de confinement également.
Toutefois, l’environnement campagnard et le temps magnifique me font vite oublier qu’il y a le confinement. De plus, je ne vois pas le temps passer avec des journées bien chargés.
En effet, j’apprends grâce à François les rudiments de la mécanique automobile : nettoyer les plaquettes de freins, changer un bras de suspension et des amortisseurs…
Avec de la persévérance, des bon outils, du WD-40 et de la lumière, on arrive à tout.
A côté de ça, je bûcheronne de vieux arbres morts dont un gros sapin. La leçon de l’Australie est bien retenue, je suis plus vigilant que jamais maintenant. Et puis plein d’autres petites tâches de nettoyage, réparation, bricolage dans le jardin…
Puis il me faut penser à la suite et un retour en France est envisagé, n’ayant pas trop d’alternatives à ce moment. Le Canada attendra encore un peu.
Retour à la case départ
Je commence à faire des colis pour envoyer mes affaires en France.
Mon vélo retrouve son carton qui a servi entre la Pologne et la Belgique avec un peu de rafistolage.
Je dépose le tout à la poste belge quelques jours avant mon départ par le train. Cette fois-ci, je serais seulement équipé d’un sac à dos. Contrairement à mes 26kg de bagages, l’année dernière, à traîner dans Paris et Nantes.
Un an, presque jour pour jour, me voilà à nouveau en France. Cette fois-ci, un peu forcé mais moins déroutant que l’année dernière.
Je profite de mon passage à Paris pour revoir Clémence et Mathieu, avec qui j’ai travaillé en Suède. Je retrouve aussi mon ami Nicolas avec qui je vais explorer la capitale.
A nouveau le train, pour rejoindre Nantes, le fief de mon groupe d’amis, et aussi le premier restaurant depuis le déconfinement.
Et le mois de juillet arriva. Ballotté à travers ma famille, je suis en pleine période d’incertitude.
J’ai pleuré (autoriser à pleurer serait plus juste), dont des larmes qui portaient une partie de ce que j’avais enduré durant ce voyage : moralement, physiquement et psychologiquement.
Ces cinq années ont forgé ma personnalité à travers des expériences, parfois dures. J’en oublie souvent toutes les leçons apprises, les prises de consciences et le chemin que j’ai parcouru.
J’ai toujours été très dur envers moi-même, toujours exigé plus. Une étape de passé et je pense déjà à la suivante, sans forcément me laisser le temps d’intégrer et me reposer.
Je veux aller vite, comme si la Vie me semblait trop courte pour faire tout ce que j’ai à faire.
Ces larmes coulées ont permis d’alléger ce fardeau mais il y a encore beaucoup à lâcher, j’en suis conscient.
Perdu
Je n’arrive plus à m’ancrer dans le présent.
Cette situation d’électron libre est assez paradoxale dans le sens où je cherche à me poser mais en même temps, je ne m’engage pas pour le faire.
En fait, je suis en plein déphasage après ce voyage et je m’en rends pleinement compte aujourd’hui.
Orgueilleusement, je pensais être prêt pour un retour de voyage mais force est de constater que non.
Déphasé par rapport à cette société où tout doit rentrer dans des cases alors que j’en suis au dehors : aucune résidence principale, un numéro de téléphone suédois, sans-emploi et un CV très hétéroclite.
Mais aussi à cette envie de garder ma liberté et indépendance acquise dans mon voyage.
Cette non-acceptation de la situation actuelle et cet entêtement à vouloir rester hors-cadre m’a conduit à cette sensation d’être perdu dans un système qui incarne peu mes valeurs.
Aujourd’hui, j’y vois plus clair. C’est ma responsabilité d’agir pour concilier cette liberté et mettre un pied dans la société pour justement porter mes valeurs et ma vision.
Je vais pouvoir mettre ma créativité en marche pour trouver des solutions.
Se recentrer
Il est temps pour moi de digérer et me poser avant de faire quoique ce soit. Laisser faire le temps faire son œuvre.
Parallèlement, ce mois de juillet m’a énormément apporté en échanges avec ma famille, de nouvelles rencontres et une prise de conscience sur de vieux schémas que je traîne en moi et qu’il est temps de se débarrasser.
J’ai aussi parcouru beaucoup de kilomètres en train et découvert le Sud de la France et maintenant l’Est. Je voyage toujours malgré moi au final et découvre d’autres facettes du pays.
J’ai apprécié de profiter de ma famille et mes amis, qui n’ont pas manqué de générosité et de soutien, comme à leur habitude !
J’ai eu même le grand plaisir de revoir deux anciens amis du lycée, dans le sud de la France.
Le mois d’août arriva et il était temps de trouver un lieu pour me ressourcer seul et retrouver mon propre rythme. Et une opportunité apparue, par le biais des réseaux sociaux, pour louer un hébergement dans les Vosges. D’abord prévu pour une semaine, la personne me proposa d’y rester un mois.
Enfin, un mois sans avoir à penser où je vais et vivre à mon rythme dans un beau cadre !
Des projets
La suite se prépare doucement. A partir du 13 septembre, je change de cadre et je vais sur Paris pour deux semaines, grâce à un ami qui me prête son appartement.
Dans mon bagage d’idées, je n’abandonne pas la piste du Canada. Surtout, que je me suis rendu compte (merci Alice) que je pouvais bénéficier du PVT (Permis Vacances-Travail) jusqu’à la veille de mes 36 ans et non de mes 35 ans comme je le croyais.
En attendant, je me concentre sur la France et explore les pistes pour des formations ou stages.
J’essaye d’avancer sur mon livre qui, pour l’instant, n’avance pas aussi vite que je le pensais. Mais là aussi, je fais preuve de patience et de persévérance.
Je fais de mon mieux pour concentrer mon énergie sur ce que je souhaite et agir sur ce qui est possible.
Encore, une fois je ne peux que me résoudre à suivre la Vie et saisir les opportunités. C’est un très bon exercice de lâcher-prise et aussi d’intuition.
L’inconnu et la peur de l’inconnu se transforment en expérience à saisir, sans trop savoir où elles nous mèneront.