Contemplation en Suède

Je quitte donc la capitale danoise après seulement 6 jours, avec une forte envie de retourner dans la forêt et m’échapper de cette cohue entourée de béton.

Sans trop de plan pour la Suède, à part quelques recommandations de Jørgen, j’embarque en ferry pour rejoindre la ville côtière de Helsingborg. Je choisis la route qui monte vers le nord et je réalise qu’il y a une route cyclable, la Kattegattleden, qui longe la côte jusqu’à Göteborg. Les premiers arrêts sont souvent des abris ou au moins un espace pour camper. J’y fais la rencontre d’un jeune allemand qui voyage à pied pour la première fois. C’est aussi à ce moment que je ralentis le rythme de mon voyage, dépassant rarement les 60 kilomètres par jour, l’effet du Danemark certainement.
La météo est assez changeante mais globalement très venteux et de la pluie.

Je fais une pause à Göteborg chez Anders que j’ai rencontré quelques jours auparavant avec sa compagne Maria, il m’a proposé spontanément de loger chez lui. J’en profite pour découvrir l’archipel et dormir sur une des îles.

Tjolöholm Castle suède
Tjolöholm Castle

Après cet arrêt, direction vers l’est. La météo est toujours aussi exécrable mais j’ai pu me réfugier dans un monastère bouddhiste, recommandé par Ome et Shina. Ma première casse sur le vélo survient à ce moment aussi, un rayon de cassé. Obligé d’attendre 2 jours dans la tente sous la pluie et les rafales de vents.
Un tour dans un magasin de vélo et je peux repartir sereinement.

Après 6 jours sans succès pour mes requêtes en Couchsurfing et Warmshowers, j’ai de nouveau une réponse positive de Mikael et Marguerite, un couple franco-suédois.
Je peux en profiter pour sécher et laver mes affaires. Je passe un très bon moment en leur compagnie et je regrette même de ne pas être resté une nuit supplémentaire.

La météo s’améliore, le soleil vient me réchauffer et les moustiques réapparaissent.
C’est à cette période que je commence à réfléchir pour la suite de mon voyage, voyant que trouver un travail serait plus compliqué que prévu.

Göta kanal suède circuit vélo
Chemin le long du canal (Göta kanal)

Puis arrivé à Örebro, j’entreprends toutes les démarches pour mon arrivée en France. En 2h, j’avais mon billet d’avion, hébergement, train. Il me reste dix jours avant le départ.

Je trouve un autre Couchsurfing, à 90 kilomètres de la capitale. Un havre de paix et de calme en pleine campagne où je suis accueilli par Niclas et Sofie. J’y reste deux nuits avant de plonger dans la grosse ville de Stockholm.

Une nouvelle fois, je suis contraint à laisser mon compagnon de route sur place. Je pensais le faire expédier comme l’avait fait mes amis au Danemark, malheureusement, ce n’est pas possible car trop coûteux. Je sors mon plan B qui est de le laisser chez Niclas et Sofie, ils acceptent spontanément ! Il me reste “seulement” 25kg à porter entre les différents transports qui m’amèneront à Paris.

C’est ainsi que s’achève ce périple dans le sud de la Suède. Ces 1100 kilomètres furent les plus contemplatifs et aussi les plus lents de mon voyage.
J’ai fonctionné en mode économique autant pour l’énergie que pour les finances.

Contrairement au mois d’avril, il n’y a eu aucun challenge particulier mis à part peut-être la météo. Durant la première partie, je retrouvais cette plénitude lié au voyage solitaire mais la deuxième partie, après Göteborg, mon esprit s’emballe à nouveau. Beaucoup de réflexion sur la suite, des idées qui émergent puis qui tombent dans l’oubli. L’absence de challenge commence à me peser, tout se passe trop bien.

J’ai trouvé le meilleur équilibre possible avec mon matériel et ma routine est bien huilée.
Au début cela paraît idyllique mais pour moi, qui aime réfléchir à des solutions, être confronté à une situation inconnue, l’ennui s’installe.
Je perds mon objectif et tombe à nouveau dans les limbes du vide. Mon esprit vagabonde entre contemplation et dépression, un état que je connais bien maintenant. Jamais agréable mais j’arrive à m’y faire car je sais que j’en sors toujours. Seul la patience et un retour à la méditation peuvent me rattacher à la réalité.

Étant un rêveur né, j’assimile cette déconnexion de la réalité comme une sorte de soupape de mon esprit qui engrange trop d’informations.
C’est aussi ça la pleine conscience, être conscient de ses faiblesses et les accompagner au lieu de les rejeter. Une de mes nombreuses leçons de ce voyage.
L’envie de construire un projet émerge aussi à ce moment mais la frustration, de ne pas pouvoir agir sur le moment, refait surface. Je prends des notes et m’arme de patience.

J’ai aussi pris une habitude que je n’avais pas auparavant, celle de marcher le soir avant d’aller me coucher. Un besoin permanent de bouger et d’explorer un peu les alentours. 
Avec ce voyage dans les pays nordiques, la nature a pris une place importante. Sans elle, je ne peux me ressourcer. Le calme et cette énergie me permettent de prendre les bonnes décisions, surtout quand je suis dans le brouillard.
En plus de la méditation, la nature m’a permis de développer mon intuition.

Après 15 mois passés dans les quatre pays nordiques, je peux dire c’est une des parties les plus intéressantes de mon voyage. De nouvelles expériences, des rencontres, un environnement fantastique.
Je n’ai jamais été aussi seul mais sans que ce soit un fardeau. Je me suis réconcilié avec moi-même, appris à m’accepter tel que je suis et à me connaître.

Feu de camp au bord d'un lac
Seul avec un feu et face au lac

Ce mode de vie nomade s’est ancré dans ma façon de vivre et j’ai pu regardé notre société d’un autre œil, celui d’un humain qui observe le monde.
Ma question aujourd’hui : comment concilier vie nomade et travail, tout en respectant mes valeurs ? Pour pouvoir m’épanouir, il me faut donner un sens à ce que je fais sinon j’abandonnerais rapidement. Je n’ai pas la réponse pour le moment mais je sais certainement qu’elle arrivera quand je serais prêt.

Je m’octroie une pause de bulletins pour cet été, ils reprendront en septembre. Pour le moment, je profite de mes amis et ma famille jusqu’à fin août avant de repartir pour la Suède.
Portez-vous bien et bonnes vacances d’été !

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