Après une première nuit bien froide (-2°C), j’attends patiemment que les rayons du soleil viennent réchauffer ma tente.
Une belle journée s’annonce, je prends tranquillement mon petit déjeuner en compagnie des moutons dont certains ont trouvé une faille dans le grillage et vont brouter dans l’herbe plus verte.
Ensuite, je médite sur un fond musical d’Anouar Brahem, les tonalités tunisiennes sont très propices à la méditation !
Je contemple le paysage et les prés de moutons et de vaches, et je me dis que j’ai fais le bon choix en devenant végétarien. C’est devenu comme une évidence.
Puis je passe le reste de la journée à lire et à écrire mais j’ai un sentiment étrange qui monte en moi, sans pouvoir encore l’analyser.
La deuxième nuit sera encore plus froide (-4°C) et je commence à ressentir les limites du confort.
Le moindre mouvement qui bouge la fermeture du sac de couchage fait entre un froid glacial à l’intérieur, comme une épée de glace.
Je me réveille plusieurs fois et guette avec impatience la lueur du jour. Les nuits sont longues.
Je me couche vers 19h pour me lever vers 8h, lorsqu’il commence à faire plus chaud. Il me faut donc rester enroulé dans ce duvet pendant 13 heures d’affilée.
Puis le matin, j’entends un bruit de 4×4 qui s’arrête à côté de ma tente et une voix : « Are you OK? ».
C’est le fermier qui a une maison de l’autre côté de la route, un peu en retrait. Il s’inquiétait de mon état au vue du froid cette nuit.
Puis il me propose de venir prendre le breakfast chez lui. Je n’hésite pas une seconde, saute dans mes chaussures et l’accompagne.
Il est 8h et il y a encore de la glace sur les pneus de Kaihōpara Rangi. Le pauvre, il doit affronter la pluie, le froid, la chaleur !
Je discute rapidement avec Georges et sa compagne Hannah, qui est anglaise. Ils sont assez occupé et m’invite à faire comme chez moi.
La douce chaleur du poêle me réchauffe et après un bon petit-déjeuner, je prends une douche chaude.
Me revoilà requinqué pour la journée.
Je les quitte en les remerciant chaleureusement pour leur hospitalité.
C’est donc avec un moral boosté à fond que j’entame une grosse étape montagnarde !
Dès les premiers kilomètres, je me prends de bonnes côtes. Sûrement les plus raides depuis que j’ai commencé l’Australie.
Jusqu’à midi, ça sera encore les montagnes russes et j’arrive à un premier spot de camping, près d’une rivière.
Pour une fois, il y a plusieurs camping-car. Je m’installe à une table et qui je rencontre ?
Mes vieux amis de Nouvelle-Zélande : les sandflies.
Ils ne me manquaient pas ceux-la… Je dois donc faire face à une nuée de sandflies pendant mon déjeuner.
Déjeuner que j’aurais passé la plupart du temps debout en train de marcher et essayer de tartiner mon pain de peanut butter.
Et pas manqué, j’en mange un ou deux qui se sont collés dedans !
Après une heure de bataille, je décide de continuer la route même si la fatigue se fait sentir. Il y a un autre spot, 10km plus loin, près d’une rivière également, et donc un risque d’avoir aussi des sandflies. On verra bien.
Mon intuition était bonne, pas de sandflies et un joli coin pour camper. Un couple y est déjà installé depuis quelques jours, je discute avec eux un moment puis je m’installe.
Je tombe rapidement de sommeil et passe une nuit assez agréable et moins froide surtout ! (je ne suis plus qu’à 150m d’altitude).
Le lendemain, je me lève sans trop de motivation. Je me sens bizarre, un peu déconnecté.
Je repars sur la route, avec de la musique, pour me motiver.
Après 25 km de route encore montagneuse mais moins raide, j’arrive à Gloucester, petite ville de 2500 âmes dans une belle vallée.
J’en profite pour faire les courses, heureusement que le supermarché est petit et qu’il y a peu de monde, c’est l’avantage des petites villes.
Par contre, impossible d’acheter de cartouche de gaz en supermarché, je demande donc et on m’indique un camping store à l’entrée de la ville.
Après avoir tourné, 10 min, je redemande a une passante et me dit que c’est après la côte, à environ 200m. Enfin ! Pas évident pour le trouver.
Je paye ma petite cartouche $10, hum pas trop le choix si je veux manger chaud.
Et je me pose dans un grand parc en plein centre. Ahh je me sens de nouveau bien ! Et je profite du réseau mobile pour me connecter.
J’y reste pendant 2h environ, profite de mon déjeuner sans sandflies, réorganise un peu les sacoches pour loger mon pot de 800g de peanut butter.
Les 15 derniers kilomètres avant mon bivouac se passe sans encombres et je profite du paysage, qui me rappelle un peu la région de Matamata en Nouvelle-Zélande.
Quelque chose m’attire dans ce panorama constitué de montagnes, de prairies, une vallée, quelques nuages qui font jouer la lumière.
C’est dans une immense aire de repos (et juste à côté du cimetière) que je plante ma tente, à côté de Stratford. J’ai même des jeux pour enfants a ma disposition !
Une fois la nuit tombée, je peux enfin apprécier une soirée en dehors de la tente pour regarder la lune et les étoiles.
Encore un bon moment de bonheur.
Une nouvelle chose positive est ressorti de mon woofing. Lorsque j’étais chez Georges et Hannah, je n’ai pas ressenti ce malaise que j’ai d’habitude lorsque je suis invité. J’ai appris à être simplement moi-même dès la première rencontre. J’avais pour habitude de me protéger et donc j’étais en décalage avec les personnes.
Pour en revenir à cet état bizarre, je pense avoir trouver le pourquoi.
Depuis quelques jours, je repensais à Sydney, qui approche à grand pas ou roue plutôt (5 jours environ).
J’avais l’intuition que ça ne se passerait pas comme je l’avais prévu, j’avais donc pris mes précautions en essayant de pas me faire de plans.
Car si attente il y a, frustration tu connaîtra.
Mais force est de constater que mes différentes tentatives pour trouver un monastère n’ont rien donné car je suis pas dans la bonne période. Il me faut donc me résigner à trouver quelque chose sur Sydney. Là aussi, grâce à Nilushi (une amie de mes hôtes que j’avais eu l’occasion de rencontrer), j’ai pu avoir quelques contacts sur place mais malheureusement, ils ne sont pas disponible.
C’est dans cet esprit un peu hésitant que je continue ma route.
Photos : Rookhurst et Stratford