[13/33] De Ebor à Nowendoc

Après m’être ravitaillé en pain et en eau, je profite de cette journée de repos à Ebor pour dormir et méditer. Le temps est très gris et venteux.
Je profite de mon temps pour faire un feu dans la soirée pour me tenir au chaud.
Le lendemain, en me levant, je découvre un brouillard épais. Hum que faire ?
Je prends mon temps pour ranger puis je décide de reprendre la route, le brouillard s’est dissipé par endroit.

Cette route jusqu’à Armidale fut éprouvante. Du froid, du vent, parfois de la pluie et une route qui fait les montagnes russes. Des montées et descentes interminables. C’est plus difficile que de grimper une bonne pente.
J’avais prévu de couper cette étape en deux, mais le temps devait se dégrader encore le lendemain.

En arrivant à Armidale (ville la plus haute d’Australie à 1100m d’altitude), je vais sur une aire de camping dans un complexe sportif à $15 la nuit, seule option dans ce coin.
L’endroit est assez glauque et je me retrouve à côté de la route, seulement séparé d’un grillage. Tout ce que j’aime !
J’hésite à repartir mais ma fatigue me retient. Et puis finalement, je goûte à la douche chaude après 5 jours sans et elle me convainc de rester.
La cuisine est équipée au minimum et encore ce foutu grillage au lieu de fenêtres. j’ai l’impression d’être en cage.

Après une nuit réparatrice, je profite d’avoir l’électricité pour recharger mes appareils et visionner la fin de la saison 2 de Fringe.
Je planifie également la suite et vérifie la météo.
Finalement, la pluie arriva le soir, juste avant d’aller dormir.
La nuit fut longue, en pleine tempête avec des rafales à 80km/h et de la grosse pluie. Je prie un peu pour que la tente tienne le coup. Je dors d’un sommeil intermittent, réveillé par de grosses rafales.

Le lendemain, toujours autant de vent, la pluie est plus sporadique. Je profite d’une éclaircie pour ramener les affaires dans la cuisine et sécher la tente grâce au vent (faut bien que ça serve).
Le départ d’Armidale vers Uralla est, comme à chaque fois que je quitte une ville, un calvaire. Du trafic, 2 grosses côtes avec un bon vent de face qui me fait stopper plusieurs fois.
Puis sur la route, balayé par le vent latéral qui me pousse sur le bas-côté, un peu de pluie, attaqué par un oiseau qui s’accroche à mon casque, je jure contre tous ces éléments et essaye de conserver le cap malgré tout.

Après avoir passé Uralla, j’emprunte une route secondaire en direction de Walcha. Le vent ne faiblit pas mais il se retrouve presque derrière mon dos. La route devient plus tranquille et légèrement vallonnée.
Cette seconde partie m’a redonné du moral et j’ai l’impression d’en avoir fini avec cette météo capricieuse. L’air reste malgré tout glacial.
Je trouve une aire de repos pour poser la tente avec plein d’espace (inutile de préciser que c’est désert) et un peu éloigné de la route. Ahhh je retrouve cette sérénité et content d’avoir laissé tout ce stress de la ville derrière moi.
Je passe une nuit bien froide (0°C) mais reposante.

Je repars le lendemain, tranquillement pour bénéficier du soleil le matin, en direction de Nowendoc.
Le vent, un peu moins fort, est toujours présent et froid.
Malheureusement, le ciel se couvre et je me prends une bonne douche et le vent qui se met à souffler plus fort. Je suis complètement gelé, mes doigts sont glacés et blancs, impossible de freiner et le changement de vitesse est compliqué.
Je jure une nouvelle fois, ça sert à rien mais ça me libère des tensions liées au froid.
Il faut continuer car si je m’arrête, c’est pire. Vers 13h, ça se calme. Je profite d’un arbre pour m’abriter. La pluie refait un peu son apparition, tant pis, j’ai faim, je mange !

Puis comme hier, le temps s’améliore. Le vent faiblit peu à peu et les nuages font place au ciel bleu. Ahh quelle joie de sentir cette chaleur envahir tout le corps après avoir enduré ce froid polaire ! Le bonheur d’un simple rayon de soleil.

La route continue à être vallonnée mais c’est agréable et il y a de longues lignes droites sans rien et quelques montées qui vont m’emmener au sommet.

La traversée du col à 1400m fut une claque visuelle, amplifié par cet épisode compliqué. Un sentiment d’accomplissement m’envahit. En apercevant le panneau indiquant une descente assez raide, le plaisir vient à son comble. Je lâche un gros “wouhou” libérateur dans la descente.
Je suis là où je dois être. À ma place, dans ce décor magnifique, libre. Toutes les intempéries des jours précédents sont oubliées, il ne reste que la joie d’être ici à ce moment. Un moment de bonheur intense.

Je traverse encore d’immenses prairies seulement bordé de collines et traversées par cette longue ligne droite.
Un sentiment de pur solitude apparaît en visionnant ce paysage. Différent de cette solitude ressentie en Nouvelle-Zélande. Seulement une solitude acceptée qui me traverse et m’apporte un bien-être.
Je me sens léger et nettoyé (c’est le moins qu’on puisse dire !)

L’arrivée à Nowendoc est également très agréable. Le spot de camping domine la vallée.
Je dîne en compagnie du premier quartier de lune et les premières étoiles dans un ciel sublime, sans nuages. Magique !

Cette Australie me surprend, me transcende, me pousse dans mes retranchements. Ma vision du voyage évolue, je veux aller plus loin !
J’avais ressenti déjà ce sentiment dans l’île du sud en Nouvelle-Zélande mais je l’ai coupé court en m’installant à Wellington.

Contrairement à avant, j’ai su garder ce moral en équilibre tout au long de ces derniers jours.
À aucun moment, je me suis laissé envahir par des pensées négatives. C’est un travail constant mais qui apporte énormément encore une fois.
J’ai vécu pleinement les moments difficiles mais aussi ces moments de bonheur, rares mais tellement intenses.

J’ai appris une bonne leçon d’humilité également. En roulant, je me suis fait la réflexion que j’étais très différent vis à vis des personnes depuis mon départ vers Sydney. Je me suis rendu compte que j’avais une attitude assez arrogante en Nouvelle-Zélande lorsque je rencontrais des personnes, toujours sur la défensive et à juger de leur manière de voyager. Maintenant, je juge beaucoup moins et j’apprécie plus qu’on vienne vers moi. Même si j’ai eu peu l’occasion de le voir jusqu’à maintenant avec le peu de rencontre que je fais.

Photos : WalchaCamping sauvage à Nowendoc