De la continuité des pays Baltes, j’arrive en Lettonie à la mi-décembre. Avec comme point de mire, une nouvelle expérience en helpx, afin de passer les fêtes de fin d’année en bonne compagnie. Et être également au sec car les conditions météo ne sont guère propice au voyage à vélo.
Retour sur cette expérience dans le passé soviétique.
J’arrive d’ailleurs sous un déluge, trempé, chez François, qui m’accueille dans sa maison bien chauffée. C’est autour du poêle et d’une tasse de thé que nous faisons connaissance.
Il m’invite dans un chalet en bois, qui sera ma chambre pour les semaines à venir. Et je découvre aussi les alentours, le terrain est spacieux et entouré de champs et de forêts. Endroit propice au calme.
Durant les deux premières semaines, j’alterne les travaux, les concerts de fin d’année, les rencontres avec les locaux. Je découvre le grand intérêt des Lettons pour la danse et le chant.
Puis je décide de rester un mois supplémentaire durant lequel j’acquiers une bonne connaissance de l’électricité d’une maison. Grâce à la grande expérience de François en matière de rénovation de maison.
Associé à la menuiserie, j’ai maintenant une idée plus claire de comment est constitué une maison, même s’il me reste beaucoup encore à apprendre.
Au-delà de ces travaux, c’est aussi un très bel échange quotidien avec François. Il me parle de son expérience en Lettonie, la culture, la langue.
Et je commence à découvrir plus profondément la Lettonie. C’est une chance que d’avoir une personne qui parle ma langue et peut me transmettre une autre culture.
Un peu d’histoire
La Lettonie est devenu indépendante de l’URSS en 1991, soit à peine 30 ans aujourd’hui, après 46 ans de domination russe.
Ma première surprise, que j’avais déjà constaté en Estonie, c’est cette impression de froideur et d’indifférence des personnes que je croise sur ma route.
Ce ressenti est essentiellement dû au lourd passé de l’union soviétique dont était victime les pays Baltes. Même les nouvelles générations n’ont pas encore passé le cap car c’est encore très présent dans l’esprit des parents.
Néanmoins, certaines personnes tentent d’améliorer les choses à leur niveau. Comme par exemple, retrouver une relation parents-enfants plus saine car ce n’était pas la priorité à l’époque.
C’était la valeur travail qui prédominait avant tout.
En quelques années, le pays est passé de l’austérité à l’opulence, notamment depuis l’entrée dans l’Europe en mai 2004. Sans transition, ni d’éducation adaptée pour ce nouvel style de vie, plus capitaliste.
Malgré ce que je pensais, cette transition avec l’Europe n’a pas été des plus bénéfiques car elle a favorisé la montée des prix mais pas des salaires.
Ce qui entraîne évidemment des situations difficiles, notamment dans les campagnes, où il y a peu de travail. Ce qui accentue les problèmes d’alcoolisme, comme on peut le voir en Russie aujourd’hui.
Néanmoins, les Lettons sont des travailleurs acharnés et doté d’un sens pratique qui leur permette avec de simple outils, de travailler tout les éléments.
Malgré une distance sociale, encore plus envers un étranger, une fois rentré dans le cercle familial ou amical, c’est une générosité sans limite. Comme j’ai pu le voir lors de l’anniversaire de François et également lors de nos visites chez les voisins et amis.
Du communisme, il reste encore des traces. Mis à part au niveau social, c’est la surveillance. Autant sur Internet que sur les routes. La dénonciation est encore présente également.
Je ne m’attendais pas à rencontrer ce contexte et cela m’a donné une autre image de l’Europe, qui tranche avec celle que je connais à travers les pays nordiques et de l’ouest.
Après 7 semaines passés avec François, nous pensions commencer un nouveau projet mais qui finalement a été abandonné à cause d’un mauvais timing. La météo n’a pas changé durant ces 7 semaines : de la pluie et du vent. Pas de neige, ce qui est totalement inédit pour cette époque.
Mais le jour de mon départ, une fine couche de neige m’accompagne pour cette première journée à vélo en 2020.
En route vers la Lituanie
Me voilà repartit sur la route en direction de la capitale, Riga. J’y fais la rencontre de Normund, un Letton qui parle très bien français. Je profite d’être posé pour faire ma demande pour le visa russe, spécialement pour la région de Kaliningrad, disponible en e-visa.
Mais finalement, mon intuition me rattrape et j’abandonne l’idée, préférant traverser la Lituanie rapidement et rejoindre la Pologne.
La météo, toujours aussi exécrable, l’environnement délabré et les chiens qui me pourchassent quotidiennement auront eu raison de ma motivation. Je m’embourbe dans les chemins de campagne lituanienne, revivant l’épisode du Laos.
Ma tente n’assurant plus son rôle étanche, je me rabat sur les maisons d’hôtes et petits hôtels, ce qui me permet de me réchauffer et me sécher tous les soirs.
Néanmoins, je ressens un manque de contact humain et social à ce moment. J’ai aussi besoin de plus de repos que d’habitude. C’est presque une journée de vélo pour une journée de repos.
Je pense qu’il y autant de fatigue physique qu’un manque réel de motivation. Chose que je n’avais pas expérimenté jusqu’à maintenant. Une légère intuition m’avait déjà traversé l’esprit mais j’étais certainement dans le déni.
L’arrivée dans la deuxième ville du pays, Kaunas, me révèle des rencontres, et ce, dès mon arrivée. Aurimas m’interpelle en voyant mon vélo bien chargé et se lance dans une petite interview.
Pour ces deux nuits, je loge chez Akvilé en Couchsurfing. Elle a eu la gentillesse de me guider à travers la ville et me faire part de son histoire.
Une autre rencontre, grâce à Couchsurfing, d’une Lituanienne qui parle français. Elle m’invita pour un dîner pour discuter voyage à vélo.
Ces belles rencontres et un bon repos m’ont donné un regain d’énergie afin de rejoindre la Pologne, que j’atteins deux jours après.