Traversée de la Suède du nord au sud à vélo

Après six mois de sédentarisation, il est temps pour moi de reprendre la route et mon mode de vie nomade. C’est avec un vélo plus chargé que d’habitude à cause des affaires grand froid, encore nécessaire à cette période et aussi équipé de pneus hiver cloutés, que mon nouveau périple démarre.
Retour d’expérience de ma traversée de la Suède depuis la fin de l’hiver au printemps en Norvège.

Ma monture chargée en mode hiver

Durant la première semaine, je dois affronter une météo capricieuse. Neige et vent, avec heureusement des températures assez douce pour cette période, entre -5°C et 4°C. La grisaille continuelle me mine un peu le moral. Mais c’est surtout le vent qui rend difficile la progression car il me refroidit très vite dès que je m’arrête. Les pauses sont très limitées mais parfois indispensable pour me réchauffer les pieds et les mains, en faisant de petits footing.
La route alterne glace, neige compacte et neige fondue. Je dois rester vigilant à tout instant car j’ai failli tomber à plusieurs reprises. C’est surtout la neige fondue qui pose problème car je perds totalement l’adhérence. Le plus agréable étant la neige compacte ou la glace, car les pneus cloutés adhèrent parfaitement, comme sur du bitume.

Route glacée dans le nord de la Suède

J’arrive assez fatigué à Luleå, j’opte pour un Airbnb recommandé par Clémence dans le quartier de Gammelstad. J’y passe deux nuits, profite un peu de la ville puis finalement, un des couchsurfing me contacte pour me proposer de dormir chez eux et partager mon expérience de voyage. J’accepte de rester une troisième nuit. Je passe une belle soirée à partager anecdotes de voyage et conseils pour faire un voyage à vélo. C’est un jeune couple qui souhaite depuis plusieurs mois déjà de faire un périple à vélo mais ils attendent la fin de leurs études.

Ensuite je repars en direction de Umeå où mon matelas crève dans la nuit. Je me retrouve, sans isolant, la nuit sur un sol gelé ou de la neige. Mes nuits sont plus chaotiques entre le froid et l’inconfort mais ma motivation reste intacte.
La météo est toujours aussi grise, froide et humide. Mes mains sont rarement au chaud, même avec les moufles. Le montage et démontage du campement reste un petit calvaire.
Le vent fort refait son apparition, le froid et l’humidité envahit tout mon corps. Ma tente et mon matelas sont trempés, il est temps de faire une pause à Umeå, dans une colocation.
A nouveau, une belle rencontre et un accueil chaleureux qui me réchauffe. Nous passons la soirée à discuter voyage, pâtisseries et café. J’en profite pour sécher mon matériel et réparer mon matelas.

Camping dans la neige

C’est avec un moral revenu au top que je repars, malgré le vent qui a encore forci. Cette journée de reprise a été l’une des plus froide à gérer, j’ai même remis mes bottes grand froid tellement mes pieds souffraient. Le terrain devient plus montagneux et je commence à trouver du dénivelé plus important. Le poids de mon package se fait sentir dans les côtes.
Au fil des jours, le vent diminue et le soleil commence à chauffer, j’ai moins froid durant la journée. Je retrouve des nuits plus confortables avec un matelas réparé. Sur les routes, c’est l’alternance d’un bitume sec, des portions en terre encore humide, et parfois de la neige.

Après 9 jours d’affilés sans pause, je m’arrête à Sundsvall pour deux nuits chez Joel. La fatigue est présente, j’apprécie d’être au chaud et au sec. Joel se révèle être un hôte d’une grande gentillesse et m’offre de bons repas végétarien, une visite de la ville ainsi qu’une petite randonnée sur l’une des montagnes autour de Sundsvall. J’apprécie beaucoup cette ville entourée de montagnes et bordée par la mer. L’ambiance est calme, même en ville.

Centre-ville de Sundsvall

Après cette pause bienfaitrice, je me sens prêt à enchaîner les 11 prochains jours sans stop pour arriver à Oslo. Malheureusement, deux jours après je tombe malade et finalement je décide de me reposer une journée.
Je peux à nouveau remonter sur le vélo, avec toutefois une forme diminuée. Les journées sont maintenant plus chaudes, et le soleil ne me quittera plus jusqu’à la Norvège. Les matins sont vraiment plus agréables, surtout le fait de ne plus avoir froid aux mains et aux pieds. Je prends aussi mes premiers coups de soleil. La température avoisine les 20°C régulièrement dans l’après-midi.

Durant toute cette dernière partie, je rencontre très peu de gens, mise à part pour demander de l’eau. Je profite de l’éveil de la nature autour de moi, comme ce fut le cas l’année dernière en Finlande. La neige a en grande partie fondue, à part en altitude. Les insectes sont aussi réveillés, je croise des papillons et les premiers moustiques se font sentir.
L’aspect du paysage est assez automnale du fait que la neige a “brûlée” l’herbe, c’est seulement à partir de la Norvège que je peux voir de l’herbe verte.
Je remarque que les habitants sont assez sportifs entre vélo, marche, marche nordique, course à pied. Il y a toujours un peu d’animation dans les villages.

Prairies et chevaux

Les derniers jours sont plus sauvages, beaucoup de campagne et peu de trafic. Je traverse de jolis hameaux, paisibles.
Une certaine monotonie s’installe, je commence à avoir l’envie de changer d’environnement.
Mais en arrivant à la première ville norvégienne, Jossheim, je suis frappé par le retour à la civilisation. Du bruit, du monde et du béton, je me sens un peu sonné par cette rupture mais c’est un peu nécessaire avant d’arriver sur Oslo.

D’ailleurs l’arrivée en Norvège se caractérise par le retour de la grisaille et la pluie que je n’avais pas vu depuis plus de 6 mois. Et aussi du dénivelé plus important, surtout au passage de la frontière.
Les trois derniers jours, je m’adapte au temps et à ma condition physique, qui est revenu au top malgré l’enchaînement des étapes sans pauses. C’est essentiellement des pistes cyclables le long des autoroutes qui font mon chemin pour l’arrivée à Oslo.

Ce mois d’avril fut une belle et intense expérience ! De belles rencontres aux débuts, un temps magnifique et printanier sur une bonne partie du trajet, le plaisir de retrouver ce mode nomade quotidien. La première semaine fut difficile avec la météo et le froid humide mais mon moral m’a permis de continuer sans avoir de doutes. J’ai conservé la plupart du temps ce moral positif malgré une période un peu plus tumultueuse à cause du stress de la date d’arrivée encore une fois. J’ai réussi à identifier ce moment de stress et ne pas m’être emporté par la pression.

Les 11 derniers jours ont été vraiment les plus solitaire. C’est aussi la période où je me suis écouté le plus et j’ai construis mes journées en fonction de mon énergie. J’avais évidemment toujours en tête cette date d’arrivée mais plus je m’approchais et plus je lâchais prise. Au final, je suis arrivé tranquillement et serein et non pas sous pression, comme c’est le cas parfois.
Ma condition physique a été bonne, même au début avec un peu plus de fatigue au milieu du voyage. Malgré les jours enchaînés, j’avais une forme du tonnerre à la fin. Une bonne gestion de mon énergie, du repos réparateur, et aussi une adaptation de mon régime alimentaire ont permis de tenir le coup.

Je suis assez fier de ce que j’ai pu accomplir durant ce mois. Au-delà de la gestion de la météo, c’est une meilleure connaissance de moi-même et une nouvelle aptitude à être plus attentif à mes besoins. Tout cela avec une contrainte de temps.

Cette arrivée à Oslo marque pour moi la fin de mon expérience en Europe du Nord et surtout du camping sauvage quotidien. Le passage en Europe de l’Est va être très différent mais je suis curieux de découvrir cette partie.
Au final, je suis resté plus d’une année dans les pays nordiques et cela restera la période la plus sereine et la plus enrichissante de ce voyage.

La sérénité des pays du Nord