Retour en Australie

La chute

A peine posé le pied sur ce terrain connu, la sensation d’être perdu me happe. Perdu psychologiquement. Dévasté.
Mon dernier après-midi, au Vietnam, un 31 décembre, je l’ai passé à pleurer. Moi qui normalement ne montre rien, à ce moment je ne pouvais plus les retenir.
J’appelle ma meilleure amie pour trouver du réconfort et tenter de comprendre ce qui m’arrive.
Dans le vol qui m’emmène à Sydney, j’arrive à peine à me contrôler, à fleur de peau. Complètement déconnecté de ce monde, comme si l’on m’avait arraché mes racines.

Je retrouve Ome et Shina avec un immense plaisir, un petit coin de ciel bleu dans cet océan de tristesse.
Très vite, je ne peux plus cacher ce qui me pèse.
Une nouvelle crise qui m’emporte avec elle, impossible d’y échapper. Toute cette colère refoulée et engluée dans la tristesse.
Je crie, je pleure, je lutte. Ome tente bien que mal de m’épauler, me soutenir.
Il faut me parler, me faire reconnecter au présent.

A l’intérieur de mon esprit, c’est comme un “démon” qui veut prendre le dessus, qui veut en finir avec moi. C’est une bataille psychologique.
Tout comme le premier épisode apparu à Madagascar, je savais que si je baissais ma garde, je ne pourrais plus revenir comme avant.
Cette sensation d’être complètement possédé, de m’auto-détruire tellement la douleur est insoutenable.
Après cette crise qui a duré une bonne heure, je m’effondre sur mon lit, rempli de douleur à cause de mes muscles complètement tétanisés par les nerfs. Ça me vaudra des courbatures dans les jours suivants.

Une journée auparavant, j’avais averti Ome qu’une crise pourrait arriver très bientôt. Je sentais cette anxiété monter en moi. J’ai pu apprendre des précédents épisodes et je commence à mieux me connaître. Au moins, elle ne sera pas dépourvu quand ça arrivera car c’est certainement déroutant de me voir dans cet état et surtout savoir comment réagir.

Les jours suivants, je marche dehors sans aucune volonté, un humain sans âme. Un vide immense sans quoique ce soit pour le combler : pourquoi suis-je né dans ce monde ?
Je dois seulement attendre que ça passe.
Cette fois-ci, l’idée du suicide n’est pas apparu dans mon esprit comparé aux précédentes crises. Mais je retombe dans une dépression post-crise.

Sous la direction de Shina, je retourne à une marche méditative intense de plusieurs heures par jour et le reste du temps, Ome m’occupe l’esprit sur des tâches à faire dans la maison ou le jardin.

Découverte du spiritisme

Durant cette période de reconstruction, Ome me met en relation avec de nouvelles connaissances, et notamment dans le domaine du spiritisme.
Je fais donc la rencontre d’un couple au restaurant de Ome. En échange d’un repas, ils m’offrent la possibilité de communiquer aux esprits et recevoir leur message pour me guider.
De cette séance, où j’étais assez nerveux, accentué par les récents événements, il en ressort que je dois ralentir mon rythme. Autant dans mon esprit que physiquement.
Si je ne le fais pas, les accidents seront plus nombreux. Ce fut déjà le cas au Vietnam avec cette fracture, et maintenant avec mon esprit qui part dans tous les sens.

Le moyen de réduire les risques, c’est de faire les choses plus lentement et d’approfondir ma méditation.
L’écriture me sera également d’une grande aide pour trier mes pensées et avoir une vision plus large.

Tout cela fait sens en moi, car l’Asie a été éprouvante à cause notamment des dates de visas. J’étais focalisé sur le fait de tout faire à vélo alors que j’aurais eu l’occasion de voyager plus en train ou bus comme ce fut le cas par moment. Mais c’était plus par obligation que un choix délibéré.

Je ressors de cette séance plus serein et avec un objectif plus clair sur lequel me focaliser pour aller mieux.
D’une certaine manière, je n’ai jamais été trop effrayé par le spiritisme et je reste ouvert sur ce sujet sans toutefois y croire totalement.
Il est nécessaire de le faire avec de bonnes personnes et c’est certainement ça le plus dur à trouver de nos jours.

Une semaine plus tard, Ome prend rendez-vous avec Gabrielle pour de l‘hypnose particulière : l’hypnose régressive et le retour dans les vies antérieures.
Je n’avais jamais entendu parler de ça auparavant. C’est avec une pointe de curiosité et d’anxiété que je m’y rend.
La séance dure finalement plus de 3h durant lesquels je voyage à travers différentes vies dont certaines sont en lien avec certains de mes ressentis et aussi traumatismes.

J’ai eu également la sensation d’être totalement à l’aise avec l’anglais. Je m’étonnais de la richesse de la description et la facilité avec laquelle je parlais. C’était un sentiment vraiment étrange.
Néanmoins après la séance, j’avais le sentiment d’avoir manqué quelque chose, car au fond de moi, je pensais résoudre mes problèmes grâce à cette séance. Trop d’attente encore une fois.

C’est également dans cette période chaotique que je commence à prendre confiance avec les cristaux que possède Ome et Shina. Chaque cristal a ses propres propriétés et la connaissance de Ome dans ce domaine me permet de sélectionner celles qui sont le plus bénéfiques pour moi.

Depuis le début de ce mois de janvier, mon corps souffre. Mon esprit est submergé de pensées que la méditation a du mal à évacuer. Mais malgré ça, je continue à en faire quotidiennement.
Les épaules lourdes, oreilles bouchées, des crises de psoriasis intense sur le visage (côté gauche encore une fois), irritation sur le plexus solaire. Ça me brûle, me démange.
Des éruptions cutanées comme c’était le cas lorsque j’étais petit, avec des crises d’urticaires violentes.
Difficulté à lâcher-prise, peur du jugement.

Ça fait mal à l’intérieur, il a envie de hurler toute sa rage, pleurer toutes les larmes de son corps. Impossible.
Pourquoi ce sentiment de n’être de pas de ce monde, il ne comprend pas.
Il se visualise comme un électron libre, sans attache dans le monde réel, on s’approche et s’éloigne de lui mais aucun ne peut rester avec lui, il chemine seul.

Après deux semaines, je retrouve une meilleure stabilité émotionnelle, même s’il y a encore des moments de dépressions.

Poussé par Ome et Shina, je pars pour le monastère bouddhiste Santi Forest à contre-cœur et une certaine colère. J’avais la sensation d’être mis à l’écart à cause de mon état.
Se retrouver en pleine nature leur semblaient un bon moyen pour passer cette « épreuve ».

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