Voilà 2 ans que j’ai changé de vie. Passer d’une vie bien rangée à une vie de voyageur.
À l’aube de mes 26 ans, je décide de voir un psychologue sous les conseils d’un ami.
Malgré une vie tranquille et un travail qui me convient, quelque chose n’allait pas.
Au fil des séances, je m’ouvre et me découvre. Puis je creuse dans le cercle familial avec abnégation et découvre des non-dits, un manque cruel de communication au sein même de la famille.
En 6 mois, les premiers changement physiques apparaissent, notamment mon regard.
Ce changement se reporte aussi sur ma famille dont les liens vont commencer à se resserrer.
Simplement par la parole et une personne à l’écoute, sans jugement. Ce dont j’avais cruellement besoin.
J’ajoute à cela, la médecine chinoise et le yoga.
Puis arrive l’incident, un soir de septembre.
La soupape éclate.
Je tremble, je me frappe, je veux en finir. Une part de moi veut en finir. Un coup de fil, un ami et je suis admis aux urgences sous sédatifs.
Cet incident était le signe qu’il fallait que je change quelque chose dans ma vie.
Mais il m’a fallu plusieurs mois avant de m’en rendre compte.
Mon père, à mon chevet, me fait promettre que je ferais tout pour que je sois heureux.
Encore aujourd’hui, dans les moments difficiles, j’ai toujours en tête cette promesse.
C’est à travers une randonnée autour du Mont Blanc avec une amie que je réalise qu’une petite graine de voyageur se développe en douceur à l’intérieur de moi.
Après des mois de recherche, en janvier 2015, j’annonce à mes collègues, mes amis et ma famille que je pars 1 an en Nouvelle-Zélande.
Une force dont je n’arrive pas à déterminer, me donne le courage de tout abandonner.
Comme pour dire : “Il est temps que tu trouves ton vrai chemin”.
Et d’ailleurs, toute la phase de préparation, qui durera 8 mois, se déroule à merveille.
J’ai vendu mes biens matériels et quitté mon appartement. Il me reste rien en France. J’ai seulement un sac à dos avec le nécessaire pour vivre en autonomie et de l’argent.
Il y a eu évidemment des moments de doutes, une anxiété avant d’acheter mon aller simple pour Auckland, un stress énorme le dernier mois.
Mais cette force me pousse, m’empêche d’abandonner.
Et le 28 septembre 2015, à l’heure des adieux larmoyants, je m’envole avec le cœur léger.
Mon voyage ne se passe pas comme je l’avais prévu. Tout se transforme, mes idées, mes plans tombent à l’eau.
La Vie me réserve autre chose, il est temps de lâcher prise.
Mon périple à pied se transforme en aventure à vélo. Je me découvre une force mentale et physique que je me connaissais pas, j’y fais de belles rencontres, retourne à l’école pour améliorer mon anglais, trouve un job.
Puis le signe qu’il faut changer de pays.
Après une tempête émotionnelle, où je me retrouve complètement perdu, une amie évoque l’Australie.
Pour une raison que j’ignore, je ne voulais pas y aller avant ce moment.
Un nouveau petit signe qu’il faut affronter ce que je n’aime pas.
Puis l’idée me séduit, en 1 semaine, visa et billet d’avion sont pris. Et me voilà, en Australie.
Là encore, mes petits plans sont bousculés.
N’ayant pas beaucoup d’argent, je tente de trouver un job mais j’abandonne au bout d’une semaine.
Je pars sur un coup de tête, à vélo, sans trop de destination, avec presque plus rien en poche.
De nouveau perdu avec moi-même et perdu physiquement également.
Grâce au soutien de ma famille et des amis, je trouve l’idée de tenter un wwoofing. Et bonne pioche !
2 mois en pleine campagne avec un couple et leurs deux enfants. Ce que je ne gagne pas en argent, je le gagne en anglais et en partage.
J’ai dans l’idée de trouver un job à Sydney sans trop y croire. Un mois, où je vivrais une superbe expérience de voyage à vélo, et me voilà à quelques coups de pédales de Sydney.
Mais, une intuition me dit d’attendre. Je tente divers offres et essaye de trouver un hébergement. Puis je tente aussi pour un monastère bouddhiste.
Grâce à une personne rencontrée à mon wwoofing, j’obtiens l’autorisation de séjourner au monastère !
J’y reste finalement un mois, toujours sans gagner d’argent, et j’y fais la rencontre d’un couple thaïlandais, Ome et Shina.
Il est temps de bouger et sous les conseils d’une personne du monastère, je me dirige dans une petite communauté.
J’y vivrais une expérience unique dans laquelle je participerai à une fête, j’aiderai en cuisine et aussi à la rénovation d’un bâtiment.
Nouvelle intuition qu’il faut bouger, un seul message sur helpx et je suis accepté. Quel enchaînement fluide !
Là encore, j’y resterai 2 mois à jongler entre wwoofing avec mes hôtes et un job de jardinier que j’ai obtenu grâce à un ami de mes hôtes.
Je suis en pleine synchronicité avec la Vie !
Malgré que le rythme soit dur, j’en retire un bien-être énorme. Je me délecte de chaque jour car je suis en phase avec ce que souhaite.
Plus je lâche prise, plus la Vie m’envoie des opportunités. Je suis totalement à l’opposé de mon ancienne vie.
Et cela continue !
Début de l’année, je contacte Ome et Shina pour les revoir et rester avec eux une semaine avant de prendre la route.
Cette petite semaine se transformera en 5 mois !
Je devais repartir après une semaine mais une piqûre d’araignée m’en empêche et Ome a besoin de quelqu’un au restaurant.
Après un mois, je décide de partir et une semaine avant la date de départ, accident avec une tronçonneuse, sans gravité heureusement.
Bon, là je me dis que la Vie m’envoie un nouveau signe qu’il faut que j’abandonne mon projet de traverser l’Australie.
L’égo en prend un coup, j’accepte mal cette idée.
Mon amitié grandit et Shina m’initie à la marche méditative puis à la lecture de tarot et la numérologie.
Je bénéficie même d’une retraite privé pendant une semaine dont le résultat sera inattendu.
Je peux me souvenir de mes rêves ! Et Ome, de me proposer des interprétations.
Voilà donc ce que la Vie avait en tête !
Le dernier mois est chaotique entre la venue de mon père, un mauvais choix de destination, une infection au pouce et une peur de quitter une nouvelle zone de confort.
Je quitte l’Australie avec un pincement au cœur.
La Thaïlande m’offre une grande avancée sur la méditation, à travers 3 retraites de 10 jours, dans des monastères bouddhistes, principalement dans le silence.
De vieilles habitudes, comme tout planifier ou foncer sans prendre le temps de profiter, me gâchent un peu le voyage.
Ce n’est qu’après les retraites que je prends du recul et change ma manière de voyager.
Durant une des retraites, je ferais face à une peur. Celle de se sentir en insécurité dès que je sors de ma bulle. J’ai eu envie de pleurer mais je me retiens, de peur d’être ridiculisé…
Cette fragilité que je n’accepte pas.
Mais une étape est franchie.
Ce contrôle, toujours ce contrôle des émotions. Difficile de briser cette barrière, ce mur que j’ai façonné autour de mon cœur depuis tout petit pour me protéger.
Mais aujourd’hui, c’est un handicap pour moi et j’essaye de le démonter, petit à petit.
En partant de la Thaïlande pour rejoindre le Cambodge, mon état émotionnel fait quelques vagues. C’est un processus qui revient à chaque fois que je change de pays, et le fait d’en avoir conscience me permet d’agir plus sereinement.
À un jour du franchissement de la frontière, j’hésite. J’ai peur de nouveau.
Mais je me lance, il faut agir et faire face. Je ne veux plus fuir. D’ailleurs, je n’ai nul part où me réfugier.
J’arrive au Cambodge avec le sourire et la fierté d’avoir fait ce choix. Je me sens léger.
Là, encore une fois, je n’étais pas spécialement enthousiaste à l’idée d’y aller.
À croire que la Vie, m’emmène là où je ne veux pas aller !
Après le choc culturel, je prends mes marques et tombe sous le charme de ce pays.
J’y prend du plaisir et surtout, j’ai ralenti mon rythme. J’ai l’impression d’être en vacances.
Aujourd’hui, je viens d’arriver au Laos après 2 ans de voyage.
Je ne sais pas ce que l’avenir me réserve mais une chose est sûre, j’avance quoiqu’il arrive.
Depuis quelques temps, c’est Miss Solitude qui m’accompagne, parfois de compagnie agréable et parfois, elle distille son côté noir en moi.
J’arrive néanmoins à gérer ces périodes plus difficiles, grâce encore une fois à la méditation et la patience que j’ai acquise durant ces 2 ans.
Le manque de contact physique et de partager ses émotions, ses ressentis avec quelqu’un est l’une des choses les plus difficile, même pour un solitaire comme moi.
L’écriture est le seul moyen, actuellement pour moi, de partager avec ma famille, mes amis et des personnes inconnues.
Et cette question qui trotte souvent dans ma tête :
“Comment trouver cette place qui m’est attribuée ?”
Il me manque encore des outils pour y répondre et je suis persuadé qu’ils se trouveront sur ma route. À moi d’être attentif aux signes et surtout être patient.
Surtout ne pas en faire un but sinon la frustration va pointer son nez, je la connais bien elle aussi.
La Vie me pousse à avancer et à puiser dans mes propres ressources pour que je puisse grandir.
Les biens matériels et l’argent ne sont que des outils pour nous aider dans cette vie, nous devons pas en être esclave.
La chose la plus importante, c’est de grandir spirituellement. Être conscient de chaque geste quotidien, apporter l’aide nécessaire aux autres, apprendre de la Vie chaque jour et surtout vivre en harmonie avec soi-même.
Chacun de nous à un potentiel énorme, potentiel enchaîné à cause d’une éducation et une société inadaptées.
C’est pour cela qu’il faut oser sortir des sentiers battus, oser inventer, oser être soi tout simplement !
Puissiez trouver votre voie, quelque soit le chemin que vous empruntez.