Voyageur solitaire ?

Quand on me pose la question, voyages-tu seul ? Je réponds toujours de manière positive. Mais est-ce vraiment le cas ?

Depuis tout petit, j’ai toujours été quelqu’un de solitaire, introverti et indépendant. J’ai cherché constamment à ne dépendre de personne. Je n’ai d’ailleurs jamais été en couple, pas toujours par choix mais cela ne me dérange plus aujourd’hui d’être célibataire. Être seul, apprendre à vivre avec soi-même et se connaître est déjà un gros défi.

Puis un jour, un burn-out est venu sonner à ma porte, sans prévenir. Et j’ai compris l’importance de mes amis et de ma famille. J’ai ressenti la valeur que j’avais pour ces personnes. Valeur qui, pour moi, était insignifiante car mon estime de soi était quasi nul à ce moment de ma vie. Ce soutien m’a complètement chamboulé et j’ai mis plusieurs jours à comprendre ce qui se passait en moi.

Et enfin, le soutien total de mes proches, une nouvelles fois, lors de mon départ pour la Nouvelle-Zélande. Tous m’ont encouragés à faire ce voyage, comme si c’était une évidence pour eux.

Me voilà donc parti en solitaire, mais aussi plein de confiance.

La technologie d’aujourd’hui permet d’être presque constamment connecté aux personnes. Et si l’on regarde avec recul, c’est une chance incroyable. Pouvoir se voir en vidéo à des milliers de kilomètres, voir mon itinéraire se tracer quotidiennement, partager mes récits entre autres. Utilisé consciemment et avec bon sens, ce sont des outils formidables.

Toutefois, comme ce fut le cas récemment entre la Finlande et la Norvège, il m’arrive parfois de couper ce “lien” pour me reconnecter avec moi-même. C’est un peu le risque lorsque nous sommes constamment connecté, surtout avec une connexion mobile disponible dans presque tous les pays. Une addiction amplifié par cette course aux “J’aime” et nombres de vues des réseaux sociaux. Nous en oublions le principal : partager aux autres sans attendre quoique ce soit.

En plus de cette relation virtuelle, s’ajoute la dimension physique inhérente au voyage. J’y fais énormément de rencontres, sur la route ou lorsque je suis hébergé. Parfois de quelques minutes, parfois de plusieurs mois. Parfois aussi, le temps d’une expérience commune comme ce fut le cas au Vietnam. Certaines de ces rencontres sont devenus des amis sur le long terme. Là encore la technologie permet de garder un lien.

A cela s’ajoute le fait que j’ai cette tendance à attirer les personnes sans que je cherche consciemment à le faire. Difficile d’être complètement isolé comme je le souhaitais auparavant, et cette aventure me fait énormément sortir de ma zone de confort.

Grâce à ce voyage, j’ai compris et accepté l’idée de n’être jamais seul. Cette tendance à m’isoler alors que paradoxalement, j’attire les personnes m’indiquait au contraire qu’il fallait m’ouvrir et faire confiance aux autres.

Ce renfermement sur moi-même était lié à mon hypersensibilité (sujet que je traiterais dans un prochain article). Personne ne m’a jamais appris à faire avec et j’ai longtemps cru que c’était un fardeau car ça me faisait souffrir.

Aujourd’hui, grâce à la psychothérapie, la méditation et les médecines naturelles, j’ai appris à maîtriser ce don et à en faire une force. Cela demande beaucoup de travail et de patience, mais le résultat en vaut la peine lorsque l’on connaît mieux de quoi il s’agit.

Pour conclure, un voyageur solitaire n’est jamais seul, ça serait même une erreur de le croire. Pour ma part, un voyage à long terme sans un soutien moral, financier ou matériel ne peut aboutir. Nous avons besoin des autres comme les autres ont besoin de nous à certains moments de leur vie.

Nous sommes des êtres interconnectés et sociables, ce qui n’empêche pas d’avoir des périodes vraiment solitaire. Le tout est de trouver un équilibre personnel entre sociabilité et solitude, surtout pour les personnes introverties comme moi.

Et vous, quel est votre expérience de la solitude en voyage ?